Théâtre contemporain Du 08 au 18 février

PORTRAIT D’UNE FEMME

De Michel Vinaver

SALLE EN BOIS
Crédit photo : Hervé Bellamy

Un fait divers qui avait frappé les esprits au début des années 50 : la jeune Pauline Dubuisson, jugée et condamnée pour le meurtre de son amant sans que quiconque – et surtout pas l’appareil judiciaire, ne parvienne à décider d’un mobile réellement satisfaisant.

Michel Vinaver, comme il le fera tout au long de sa vie quand il s’intéresse à une « affaire », prélève et collecte dans la presse quotidienne ce qui s’y rapporte. Ici, les compte-rendus du procès dans le journal Le Monde.

En 1953, année du procès de Pauline Dubuisson, Vinaver est au commencement de sa carrière d’auteur, il a publié deux romans : Lataume et L’Objecteur, chez Gallimard sous l’impulsion d’Albert Camus. Il n’est pas encore devenu un « écrivain de théâtre » (ce sont ses mots), il le deviendra avec Les Coréens en 1956. Mais ce n’est que 30 ans plus tard qu’il écrira Portrait d’une femme.

Pourquoi 30 ans?

Pour que la lumière crûe du présent immédiat se nuance et se diffuse dans un tableau devenu mémoire, et pour que la réalité des paroles d’un procès scrupuleusement reproduites dégage un parfum d’étrangeté mieux capable de restituer le drame silencieux qui se jouait alors? 30 ans après les faits, le moment était venu pour Vinaver, habitué pourtant à traiter ses sujets immédiatement « à chaud », de renouer avec cette histoire qui, il l’a reconnu plus tard, avait sans doute été pour lui la matrice de nombreuses autres. L’ombre amicale d’Albert Camus a sans doute accompagné ce retour, et avec lui le personnage de l’Etranger, cousin de celui de Sophie alias Pauline D.

Ma rencontre avec Michel Vinaver a eu lieu en 2004 à l’occasion d’un atelier qu’il dirigeait. Esquisses devenues ensuite spectacles, longtemps joués : autour de lui le groupe hétéroclite de 20 actrices et acteurs était rapidement devenu un chœur, et avait pu donner à voir et à entendre avec une heureuse limpidité les deux pièces très complexes que sont À la renverse et Iphigénie Hôtel.

Par la suite j’ai moi-même porté à la scène La Visite du chancelier autrichien en Suisse, texte-intervention dans lequel Vinaver s’expose publiquement, dit son irréductible refus face au péril de l’extrême-droite arrivant au pouvoir : explication en forme d’autoportrait et portrait d’une Europe aux prises avec ses démons.

Il y a un an, en avril 2022, ayant fait la connaissance d’un groupe de 11 élèves comédiens du Studio de formation théâtrale de Vitry, j’ai mis en scène avec eux Portrait d’une femme. Un chœur, donc. Et l’évidence de la jeunesse. Il fallait la grâce des commencements pour laisser paraître et s’épanouir la subtile lumière difractée de ce poème qui, par la rigueur de la polyphonie et les secousses du montage parvient à dessiner le portrait que le procès, 30 ans plus tôt, avait échoué à faire : celui plein d’énigme d’une femme – et d’une France – sous l’Occupation.

Comme une mémoire vive retourne au lieu du traumatisme. À l’origine.

À l’origine il y a la France de l’après-guerre, qui juge une femme, dont l’adolescence dans la guerre a fait qu’elle ne peut pas ne pas être coupable. N’en disons pas plus : ce serait risquer de trahir la nature de la pièce, qui ne fait pas le procès du procès mais donne une seconde vie à l’événement, et ressuscite avec lui la femme qui en est le cœur. Une femme en France en 1953. Son exigeante et fragile liberté.

Pas de « décor ». Le texte, son titre nous l’indique, est une peinture. Et la mémoire comme le rêve joue, et se joue des lieux et des époques : il faut lui laisser le champ libre.

Rien qui arrête le flux. Et que les mots qui voulaient juger reprennent place, avec l’ironie de l’allégresse, dans le mouvement de la vie.

Pas d’autre musique, non plus, que celle des mots, des gestes et des pas.

Dans notre temps troublé et rendu plus indéchiffrable encore par le bruit assourdissant des fausses certitudes, puisse la parole exacte et paradoxale de ce poète des temps modernes nous éclairer et nous surprendre.

Quelques jours avant sa mort, Michel Vinaver avait assisté à une présentation de ce travail, il l’avait aimé, il avait souhaité qu’il puisse être vu encore.

Nous continuons…

Journal d’Armelle Héliot

« Il faudrait avoir le temps d’analyser ici dans la précision, ce travail remarquable. C’est une mise en scène fluide et vive, une direction d’acteurs très précise. […] Il est rare de pouvoir applaudir un ensemble si convaincant. Mais avouons que, pour anonymes soient-ils, on aimerait saluer chacun des onze, avec des mots précis. » Lire la suite

Armelle Héliot

Friction

Matthieu Marie agence avec ses onze interprètes dans un travail choral de toute beauté ; c’est effectivement – par-delà même du fait divers à travers les minutes du procès, notamment celles parues à l’époque dans Le Monde – le portrait en éclats d’une femme qui surgit avec une belle fluidité et que portent avec cohérence, rigueur et conviction les onze comédiens” Lire la suite

Jean-Pierre Han

Théâtre du Blog

“Rien n’arrête le flux des séquences qui passent rapidement d’un lieu à l’autre et enjambent les époques. Les mots sont précis, les prises de paroles brèves et ce groupe de jeunes comédiens interprète ce texte d’un rythme nerveux, sans décor, avec quelques accessoires pour changer de personnage.” Lire la suite

Mireille Davidovici

Auteur Michel Vinaver
Mise en scène Matthieu Marie
Avec

Alexandre Bécourt, Arthur Boucheny, Lou Dubernat, Inès Fakhet, Clémence Henry, Kessy Huebi-Martel, Matéo Nédellec, Julien Ottavi, Joana Rebelo, Emile Rigaud et MaLou Vezon

Assistants

Hervé Bellamy et Amandine Voiron

Production La Loutre Cie
Avec le soutien du Tiers-Lieu Culturel Au 40 et de la famille GRINBERG
Février 2024
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Durée du spectacle : 1h15

Du 8 au 18 février 2024
Du jeudi au samedi à 19h
Samedi et dimanche à 14h30
Le mardi 13 et le mercredi 14 à 19h

Tout public à partir de 12 ans

Tarifs :

22 €      Plein Tarif
17 €      Tarif Réduit 1
Seniors (plus de 60 ans), enseignants, habitants du XIIe arrondissement et de Vincennes, carte Cezam, membres SACD.
13 €      Tarif Réduit 2
Étudiants (moins de 30 ans), demandeurs d’emploi, intermittents du spectacle, Carte Loisirs, Pass Culture 12, personnes en situation de handicap et son accompagnateur.
10 €      Tarif Réduit 3
Enfants (moins de 16 ans) et groupes scolaires

Pass :
60 €
: 4 places
72 € : 6 places
100 € : 10 places

LA LOUTRE CIE

21 rue Robespierre 94200 Ivry sur Seine.
40ruemarceau@gmail.com
www.au40ruemarceau.com

Attachée de presse Anita Le Van
info@alv-communication.com

Relations publiques Matthieu Marie / Amandine Voiron
m.matthieumarie@orange.fr
voirondine@gmail.com