Au lever du jour, une cabane nomade est arrivée sur le plateau du théâtre et semble s’animer toute seule. Des poules entrent en scène. La clowne Fourmi est juste là pour les accompagner. Elles ont quelque chose d’essentiel à partager avec le public. Fourmi ne sait pas comment cela va se manifester, ni à quel moment. Dans cette attente, Fourmi trouve des espaces de parole pour raconter son histoire et partager avec les poules de surprenants moments de vie et de jeux. Ouvrant un espace sonore drôle, et intriguant, elle dialogue avec elles pour questionner notre monde, tout en questionnant le leur et le regard que nous leur portons. Chaque instant devient précieux. Nous sommes suspendus à ces petits êtres à la présence étonnante sur scène, qui nous touchent, nous surprennent, nous questionnent. Et on ne sait jamais vraiment comment ça va se passer… Fourmi fait le lien entre le monde humain et le monde animal, entre le plateau et le public. Par sa sensibilité, elle témoigne d’un lien d’affection, de leurs chemins respectifs qui se croisent et font écho au monde actuel. Une façon de porter un regard d’égalité, loin des préjugés. Il ne s’agit pas de « dressage », mais de collaboration. Tout est basé sur le plaisir que les poules peuvent éprouver au travers de la relation avec l’humain, et parle jeu. Nous nous adaptons à leurs rythmes et à leurs envies, à leur personnalité. C’est par un lien de confiance mutuelle, et de respect profond tout en privilégiant leur bien-être que nous arrivons à œuvrer ensemble. A partir d’un texte de François Cervantès, et faisant suite à une fructueuse collaboration avec Catherine Germain et Emmanuel Dariès, cette création laisse le « vivant » s’épanouir sur le plateau, avec toutes ses maladresses, ses imperfections, et ses « coups de théâtre », qui convoquent le rire, et l’étonnement de l’enfance.
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QUATRAINS DE LA ROSE
Une méditation
Dans une ambiance tamisée, une douce pénombre favorisant un état méditatif, sur une musique originale de bols chantants, envolées cristallines, doux grondements et infinis reflets sonores du silence, apparaissent, l’une après l’autre, près de deux cent-cinquante fleurs. Montées sur vidéo, les fleurs photographiées semblent tour à tour éclore dans leur simple apparition.
Toutes très différentes, évoquant l’épanouissement ou le fané, le dessèchement ou l’humide, la féerie, la danse, l’étrange, le craquement et le flamboiement, la nostalgie, l’espièglerie et le jeu…, toutes les dix secondes environ, sur un mur lisse, un drap ou un écran, une fleur paraît ; elle, et peut-être son histoire, mais surtout, sa présence.
Un véritable Bain de Beauté
Dans cette atmosphère où l’esprit voyage et les sens se nourrissent des parfums musicaux de la beauté, une voix tantôt s’élève, une voix de femme, qui laisse entendre de très courts poèmes, extrêmement rythmés, des quatrains. La nature de ce rythme est si organique qu’elle passe quasi inaperçue tant elle rejoint le souffle et son harmonie primale.
Ce que cette femme dit est l’histoire, par simples bribes et résonances, du corps en sa blessure et d’une rencontre avec les fleurs, la Rose en particulier.
Tantôt vient s’y mêler la voix de l’homme, à laquelle elle s’unit le temps d’un chant.
C’est donc à un véritable bain de beauté, de perceptions et d’expressions mêlées, à un chant plus qu’à un dialogue, que le spectateur est convié.
COUPLES
Dans un lieu qui pourrait un grand hôtel de villégiature, ou un immeuble labyrinthique, la nuit, une adolescente n’arrive pas à dormir. Les yeux grands ouverts dans le noir elle écoute. Des adultes font la fête, font l’amour, font la guerre… Elle se lève, sort de sa chambre, déambule, espionne. Elle surprend des bribes de conversations, des confessions, des étreintes, des fous rires, des larmes. L’intimité des adultes qui s’aiment, se séparent ou restent ensemble cent ans. Des couples de tout genre. L’adolescente assiste à une sorte d’ inventaire des relations amoureuses contemporaines et porte sur elles un regard curieux, amusé, parfois critique. Elle poursuit un parcours initiatique dans les sentiers de l’amour et ce faisant elle grandit, quitte l’adolescence, devient femme, part découvrir par elle-même le monde, l’amour, les mystères des passions humaines.
Susana Lastreto : biographie
IL PRINCIPE
Spectacle en italien, surtitré en français.
Plus d’informations prochainement.
EMMA PICARD
Le roman
Un faux pas dans la vie d’Emma Picard est le troisième roman d’une tétralogie consacrée à l’histoire de familles françaises en Algérie (C’était notre terre, Les Vieux Fous, Un faux pas dans la vie d’Emma Picard, Attaquer la terre et le soleil — pour ce dernier roman, Mathieu Belezi a reçu le prix Le Monde 2022 et le prix du Livre Inter 2023).
Dans les années 1860, pour échapper à la misère en France, Emma Picard, paysanne, veuve et mère de quatre fils, accepte de partir en Algérie cultiver vingt hectares de terre que lui octroie le gouvernement français.
Après quatre années de labeur infructueux, de deuils et de catastrophes naturelles, elle s’assied près de Léon, le plus jeune de ses fils, blessé, et fait le récit — lyrique et poignant — de son combat permanent pour la survie.
Le récit qu’Emma fait de sa vie et de ses épreuves est parsemé de questions par lesquelles elle tente vainement d’impliquer Léon dans un impossible dialogue et qui nous ramènent constamment à la situation douloureuse d’une mère qui veille son enfant souffrant.
Dans ce monologue, livré d’un trait comme en un expir, Emma Picard se raconte et dresse le portrait d’une femme de condition modeste au XIXème siècle.
Qui es-tu Emma Picard ?
Colon par nécessité, Emma Picard est avant tout une paysanne. Son récit témoigne d’un rapport viscéral — sensible et poétique — à la nature, mais aussi au travail de la terre, qu’elle mène avec une détermination sans faille jusqu’à l’entêtement tragique.
Dès le début du récit, puis sous la forme d’un leitmotiv lancinant, Emma Picard se désole de sa propre naïveté, estimant s’être fait berner par les fonctionnaires du gouvernement français. Les phases d’espoir et de découragement successives au fil des épreuves endurées la laissent aussi peu à peu en proie au doute et à la colère face à la religion.
La tragédie universelle des sans-voix
Le texte de Mathieu Belezi s’inscrit dans la grande tradition d’une littérature qui donne une voix à celles et ceux dont on ne parle jamais et qui n’ont jamais la parole. En ce sens, il apporte un éclairage singulier sur l’histoire de la colonisation de l’Algérie. Femme, veuve, pauvre, à la merci des puissants, tentant désespérément de survivre dans des circonstances hostiles, Emma Picard est une héroïne tragique, emblématique de tous les laissés-pour-compte, qui nous interpelle par la dimension universelle d’une tragédie personnelle livrée dans l’intimité d’un soliloque bouleversant.
A son arrivée en Algérie, Emma Picard est conduite sur ses terres par Mékika, un algérien qui choisit de rester avec elle et ses fils pour travailler à la ferme. Loin d’occulter le drame de la colonisation qui est omniprésent dans le récit, la relation qui se tisse entre Emma, ses fils et Mékika nous parle de solidarité dans la lutte pour la survie et de la fraternité des travailleurs de la terre.
Du roman à la scène
Tout en préservant les propriétés stylistiques du long monologue d’Emma Picard — que Mathieu Belezi décrit comme un lamento — nous nous sommes efforcés d’en restituer la bouleversante humanité.
Du fait de la situation d’Emma lorsqu’elle entreprend son récit (anéantie, assise sur une chaise), la mise en espace est nécessairement sobre. C’est donc essentiellement par les nuances et les subtilités de l’interprétation que l’on pourra amener le spectateur au plus près des émotions du personnage et que l’on fera entendre la beauté du texte.
Extraits de presse
L’Humanité – Gérald Rossi
Marie Moriette est éblouissante dans ce seule en scène adapté du roman de Mathieu Belezi. Un beau et grand moment de théâtre. (lire la suite)
SNES-FSU – Frédérique Moujart
Dans un décor épuré, au bord de la folie, Emma, admirablement incarnée par l’éblouissante et bouleversante Marie Moriette, nous dit avec force et lyrisme cette tragédie. Il faut aller voir ce spectacle en tous points fascinant et d’une grande intensité émotionnelle.
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Froggy’s delight – Nicolas Arnstam
Marie Moriette, magistrale, tient le public en haleine dès les premières minutes, elle délivre magnifiquement le texte d’une grande force de Mathieu Belezi. Un formidable spectacle dont on sort sonné, porté par une prestation de comédienne impressionnante.
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Hotello – Louis Juzot
Marie Moriette s’appuie sur un jeu naturaliste mais qui reste sobre. Le dispositif est simple, lumière et musique sont distillées à bon escient. Le tableau est sensible et s’inscrit dans l’esthétique populaire et revendicatrice de la deuxième moitié du dix-neuvième siècle d’un Courbet ou d’un Zola.
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L’œil d’Olivier – Marie-Céline Nivière
La mise en scène d’Emmanuel Hérault, d’une belle sobriété, est centrée sur cette femme terrassée qui veille sur son petit. Marie Moriette fait résonner avec une intensité poignante la belle supplique de cette femme au cœur brisé, au corps usé par le travail, à l’espérance vaincue.
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ACHAC – Groupe de recherche sur l’histoire coloniale
La Compagnie Okeanos propose une adaptation poignante du roman de Mathieu Belezi. Au récit rare de cette ultime tentative pour échapper à la misère, s’entremêle celui de la colonisation française et de sa brutalité. Ce seul-en-scène bouleversant est à ne pas manquer.
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I/O LA GAZETTE DES FESTIVALS – Ysé Sorel
Porté par une interprétation intense de Marie Moriette, le spectacle, fait le choix judicieux de la sobriété. La langue, à la fois lyrique et profondément terrienne, vibre et prend toute la place pour donner à entendre le destin tragique de cette « vie minuscule » qui participe à la grande histoire.
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FILLE DE PANAME – Marina Glorian
Un récit poignant, porté avec force et subtilité par la magnifique comédienne Marie Moriette, intime, fébrile, lyrique, tragique… La très belle adaptation du roman pour la scène nous restitue la parole de cette paysanne qui a cru à une nouvelle vie. Ce spectacle résonne longtemps en nous.
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LICRA – Jean Louis Rossi
Jamais le sujet des petits colons partis pour exploiter une terre aride en Algérie n’avait été dévoilé de la sorte. La mise en scène minimaliste est servie par Marie Moriette, une comédienne qui nous amène au plus près de l’émotion de cette femme courageuse. Un spectacle d’une grande humanité.
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La Provence – Angèle Luccioni
Dans un clair-obscur de circonstance, la comédienne Marie Moriette livre un monologue d’une rare intensité dramatique. Cette création d’une vive sensibilité prolonge l’effort de Mathieu Belezi pour faire revivre au public une vérité historique tragique, trop longtemps ignorée ou déformée.
SONGE
Songe est l’aboutissement de trois années de travail artistique exigeant, tant pour les enfants et les jeunes que pour les comédien·nes professionnel·les de la compagnie, embarqué·es d’entrée de jeu sur scène pour ce projet-là (une première pour TMT!) : un sémillant parcours qui tisse (tout en restant fidèle au souffle de Shakespeare) une création inédite pour nous emmener loin et pour « étonner la catastrophe » (Victor Hugo).
Le Songe d’une Nuit d’Eté, conte de 430 ans, a été décortiqué, désossé et désorienté pour le faire nôtre. À la belle langue de l’auteur se greffent nos paroles, jargon et poésie propres.
Le cadre et les personnages sont actualisés, les enjeux et liens amoureux rafraîchis et le happy-end décoiffé. Nous avons déplacé l’humour, trop gaillard pour nous, mais gardé la dérision de Shakespeare : on se moque et on rit de tout, du pouvoir, des puristes, des cloisonnements et bien sûr de nous-mêmes, notamment avec cette troupe de théâtre issue des quartiers, notre caricature, (qui remplace la troupe originale des artisans), et qui se débat entre pressions, mépris culturel et social, préjugés, solidarité, fêlures, emballements…
On pousse plus loin la mise en abîme de Shakespeare (la pièce dans la pièce) avec celle de nos jeunes acteurs y jouant malicieusement leur propre rôle. Et on s’amuse de même du miroir, lors du speech d’accueil au public avant la représentation de Songe, avec l’intervention du maire, Thésée, et de son staff qui vient s’arroger la parole de Tamèrantong!.
Songe est un conte anti-dystopique, un front de liberté et de vie où nos différences ont toutes leur place.
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Presse
« Depuis trente ans, cette compagnie particulière parle de tolérance, de diversité, d’exclusion avec les enfants des quartiers populaires. Elle parle aussi d’exigence artistique et de travail.
Un discours qui, sur scène, se transforme en une incroyable énergie. » Libération
« Un résultat aussi impressionnant artistiquement que socialement et politiquement. » Revue Silence
« Épaté par tant de travail et de talent : cette France-là existe. » Nouvelles répliques
L’EXCEPTION ET LA RÈGLE
Le Théâtre de l’Épée de Bois est heureux d’accueillir la prochaine création de Bernard Sobel sur l’œuvre de Bertolt Brecht : L’exception et la règle.
Plus d’informations prochainement.
Bernard Sobel, metteur en scène, directeur de la revue Théâtre/Public, réalisateur de télévision, il a dirigé le Centre Dramatique National de Gennevilliers pendant 40 ans et réalisé plus de quatre-vingt-dix spectacles. Puisant dans des répertoires très divers et révélant souvent des auteurs peu connus en France, il a mis en scène aussi bien Shakespeare, Molière, Claudel que de nombreux auteurs allemands et russes, Lessing, Kleist, Büchner, Lenz, Grabbe, Brecht, Müller, Babel, Ostrovski, Volokhov, mais aussi Genet, Beckett ou encore Foreman et Kane… Il a dirigé Maria Casarès, Philippe Clévenot, Daniel Znyk, Anne Alvaro, Denis Lavant, Pascal Bongard, Charles Berling, Sandrine Bonnaire… Bernard Sobel est Commandeur des Arts et des Lettres, Officier de la Légion d’Honneur et titulaire de la médaille Goethe.
Mises en scène 2007-2023
– Le Mendiant ou la Mort de Zand de Iouri Olecha Théâtre National de Strasbourg, Théâtre National de La Colline, Théâtre municipal du Mans
– Sainte Jeanne des abattoirs de Bertolt Brecht MC93 de Bobigny, Théâtre Dijon-Bourgogne
– La Pierre de Marius von Mayenburg Théâtre Dijon-Bourgogne, Théâtre National de La Colline, Théâtre du Nord à Lille
– Cymbeline de William Shakespeare ENSATT, MC93 de Bobigny
– Amphitryon de Heinrich von Kleist MC93 de Bobigny
– L’Homme inutile ou la Conspiration des sentiments de Iouri Olecha Théâtre National de la Colline, Théâtre Dijon-Bourgogne
– Hannibal de Christian Dietrich Grabbe T2G Théâtre de Gennevilliers, Théâtre National de Strasbourg, Théâtre Liberté à Toulon, Centre Dramatique National d’Orléans
– Old-fashioned prostitute de Richard Foreman, Théâtre des Déchargeurs,
– L’Idiot savant de Richard Foreman, Théâtre des Déchargeurs,
– Sauvée par une coquette et Le Rêve du papillon de Guan Hanqing, Théâtre des Déchargeurs, Théâtre de Shanghai (Chine)
– La Fameuse tragédie du riche Juif de Malte de Christopher Marlowe, Théâtre de l’Épée de Bois
– Le Duc de Gothland de Christian Dietrich Grabbe, Théâtre de l’Épée de Bois,
– Les Bacchantes d’Euripide, Théâtre de l’Épée de Bois, Théâtre de Gennevilliers. Reprise des Bacchantes du 19 au 23 février 2020 au Théâtre de l’Épée de Bois.
– Le secret d’Amalia, un chapitre du Château de F. Kafka au 100ecs, en 2020
– La Mort d’Empédocle de J.C.F. Hölderlin au 100ecs, en 2022, Théâtre l’Épée de Bois saison 2022/2023, reprise saison 2023/2024
LE NEVEU DE RAMEAU
La caractéristique de mon Neveu de Rameau est l’incarnation. La priorité est la chair, l’expression des acteurs qui donnent vie aux idées. Une des phrases de l’œuvre, prononcée par le Philosophe, a été mon fil d’Ariane pour ce travail : « Mes pensées ce sont mes catins. » Les pensées vues comme des prostituées ! Le culot de Diderot ! Les idées, faites de chair, dont on se sert pour fréquenter, selon son humeur, des sentiments sublimes ou des lieux infâmes. Jouir intellectuellement, sans barrière, en toute liberté, assouvir les fantasmes de l’esprit, voilà ce qui a guidé cette mise en scène dont la volonté est d’habiller les idées abstraites d’un corps de sueur, d’énergie débridée et de mouvements. Les acteurs, Nicolas Vaude et Gabriel le Doze, ainsi que le claveciniste Olivier Baumont, ont adhéré sans réserve à ce point de vue, et ont insufflé à leurs personnages une vitalité, une jeunesse et une modernité à la mesure de ce texte unique, génial.
Jean-Pierre Rumeau
LA VENGEANCE D’UNE FEMME
La vengeance d’une femme, d’après la nouvelle de Jules Barbey d’Aurevilly tirée du recueil Les diaboliques (1874), est une confession sans absolution, ni de la part du client qui recueille les confidences de cette aristocrate devenue prostituée, ni de la part du public, invité à une cérémonie au parfum de décadentisme. Le péché de la chair n’est pas l’objet de cette pièce, mais l’acte d’amour dans lequel il y a, selon Charles Baudelaire, « une grande ressemblance avec la torture ». En faisant le trottoir, l’héroïne travaille à faire perdre l’honneur à son ancien mari (un aristocrate espagnol). Quelles raisons l’obligent à cet épouvantable jeu ? Sanzia-Florinda-Concepcion étale aux yeux des spectateurs effarés son « ciel en creux ». Le mot « diabolique » est-il employable pour cette fille des rues dont les turpitudes prouvent la nécessité d’une justice divine ? C’est toute la question de La vengeance d’une femme.
En prologue, Le sermon de la courtisane, tiré de La religion du Capital de Paul Lafargue, nous fait entrer dans le monde des courtisanes : vues par l’auteur (critiquant cette logique consistant à nous transformer en « machines à produire et à consommer »), elles sont, selon lui, le modèle du Dieu-Capital.
CET AIR INFINI
Lui est un ingénieur immigré. Il peine à s’intégrer à la ville occidentale qu’il aide à bâtir. Aux confins de cette cité en perpétuelle mutation, il rencontre une femme dont l’identité s’avère tout aussi changeante. La « peut-être » rencontre de deux êtres que notre jugement condamne à la marge sociale.