Archives pour la catégorie se joue en Mai 2025

LES MISÉRABLES

Adapter Les Misérables, œuvre monumentale, en 1h50 est une audacieuse prouesse.

Une narration incarnée : Madame Thénardier comme fil rouge
L’originalité de cette version repose sur le choix de Madame Thénardier en narratrice. Avec une gouaille populaire et une adresse directe au public, elle brise le quatrième mur, créant une connivence immédiate. Ce procédé ancre l’épopée dans une forme vivante où la poésie hugolienne rencontre un théâtre résolument contemporain.

Une distribution virtuose et multidisciplinaire
Dix artistes incarnent la fresque humaine de Hugo : Fantine symbolise la douleur du peuple opprimé, les Thénardier en sont les bourreaux ; Javert incarne une justice inflexible, Monseigneur Bienvenue sa version idéalisée ; Gillenormand représente une bourgeoisie vieillissante, tandis qu’Enjolras, Gavroche et les étudiants éclairent l’avenir révolutionnaire. Au cœur de ce tumulte, l’amour de Cosette et Marius illumine l’obscurité, tandis que Jean Valjean incarne à la fois la quête de rédemption et le rôle de père déchiré.

Une scénographie cinématographique et une musique envoûtante
Une scénographie modulable traduit avec fluidité la dualité de l’œuvre : d’un appartement bourgeois à une auberge sordide, les décors se transforment à vue. Une création musicale en direct (accordéon, violoncelle, guitare, percussion et chant) renforce chaque tableau, mêlant mélancolie et intensité dramatique.

D’une beauté brute et organique, la mise en scène porte le paradoxe hugolien et confronte le grotesque au sublime. La grandeur de l’œuvre originale se conjugue à l’intensité du spectacle vivant, à la croisée de l’intime et de l’universel.

 

Extraits de presse

Le résultat est puissant et boulversant
C. Barbier – L’Express

Il peut paraitre étonnant de traiter en 1h50 seulement le chef d’oeuvre de Victor Hugo et c’est pourtant chose réussie ! Une adaptation aussi audacieuse qu’excellente !
Le Figaro

Réduire un roman de 2000 pages à un spectacle d’une heure et cinquante, voilà une compression digne de César. Servie par d’excellents comédiens, Manon Montel, qui signe l’adaptation et la mise en scène, accomplit avec brio cette mission impossible. Tant et si bien que, même si l’on a déjà lu et vu Les Misérables à satiété, on se laisse prendre.
J. Nerson – L’Obs

La mise en scène de Manon Montel gravite autour des personnages comme si elle était en train de les peindre au pinceau. Les tableaux d’une véritable beauté (Il faut saluer la costumière) palpitent sous une lumière très maîtrisée. Le spectacle, servi par d’excellents comédiens, impressionne.
Le Monde

Dans cette confrontation entre le grotesque et le sublime la symphonie hugolienne est à nouveau au rendez-vous. Avec des êtres ordinaires, des gentils et des méchants, des horribles et des pervers. Comme dans la vraie vie. Et c’est pour cela, aussi, que l’on y croit.
L’Humanité

L’EXCEPTION ET LA RÈGLE

Épopée théâtrale autour d’un thème universel : la Justice.
Cette question est aujourd’hui cruciale pour des centaines de manifestants, de militants syndicaux, de demandeurs d’asile… de simples citoyens poursuivis pour leurs actes de résistance.
À travers le désert, un marchand mène une course poursuite contre les concurrents, en quête de gisements de pétrole. Sous ses ordres un guide, sous ses ordres un porteur. Le périple se terminera devant une cour de justice.

L’exception et la règle – Ne pas prendre des vessies pour des lanternes
On entend souvent : « Brecht c’est chiant, c’est compliqué, et puis épique, et didactique, comble de tout communiste !, et puis la distanciation… Pfou ! »
Faux, tout faux, ou presque… Je renifle un relent de bourrage de crâne anti-marxiste -pauvre Bertolt, [avec un T, parce qu’il est à « T » (athée), moyen mnémotechnique pour ne plus « dysorthographier » son prénom] même ad patres (dans l’autre monde) il subit l’ostracisme anti-communiste.
Bref, Brecht est didactique, oui, parce qu’il pense que le théâtre doit distraire mais surtout amener à la réflexion. Parce que réfléchir, apprendre, c’est rigolo ! Pourquoi essaie-t-on de nous faire croire le contraire ?
Donc, non Brecht n’est pas chiant, il est didactique (dont le but est d’instruire, d’informer) oui, on l’a vu.
Il est aussi épique (mémorable par son caractère extraordinaire), en quoi est-ce chiant ? Pourquoi quand Harry Potter ou Game of thrones ou Autant en emporte le vent sont épiques, c’est super et quand c’est un communiste, c’est chiant ?

Compliqué, c’est plus ou moins vrai selon les textes, mais à nous comédiens, scénographes et metteurs en scène de le rendre accessible à tous.
Et puis la fameuse distanciation… Souvent évoquée avec dédain, synonyme pour beaucoup d’ennui, de froideur, elle n’est en fait qu’un ensemble de codes qui rappellent au spectateur qu’il est au théâtre, qu’on lui raconte une histoire qui au fond n’est qu’une anecdote qui doit l’amener à réfléchir (encore !) de façon plus complète, plus objective, plus structurée, plus profonde. Les émotions ne doivent pas prendre le dessus. Ce qui n’empêche pas que l’on se passionne pour ce qui arrive aux personnages, que l’on rie. Mais sans jamais perdre de vue le sens des choses, des événements.
Brecht disait lui-même : « Un spectacle qui ne fait pas rire est un spectacle dont il faut rire ! »
Espérons que vous allez rire, passer un bon moment, ne pas vous ennuyer et réfléchir !!!

La compagnie Jolie Môme

Extraits de presse

En une heure quinze, un vrai précis de lutte des classes…
C’est vivant, pêchu, politique.
Jean-Luc PorquetLe Canard Enchaîné

Outre la formidable performance, le dispositif complète le procédé de distanciation que Brecht appelait de ses vœux. Ce n’est pas tant l’individu – le personnage – qui parle, mais une voix qui le fait parler depuis sa position de classe. (…)
La compagnie Jolie Môme ressuscite l’œuvre de Brecht, fable intemporelle d’une insupportable actualité, à point nommé, en y mêlant chanson et nouveautés. Le voyage s’annonçait didactique et la promesse est tenue ! Une bouffée d’inspiration pour les luttes, à ne surtout pas manquer.
Révolution PermanenteYano Lesage

Un vrai Brecht bien monté, personnel et intelligent.
Musicalement très efficace, la composition est très simple. Une guitare accompagne les pas et les émotions. Les cordes qui vibrent dans les yeux ou dans les chutes sont savoureuses. Exploitant au mieux l’instrument, tout semble pouvoir être joué en quelques notes.
Un spectacle que l’on suit avec envie, qui donne envie de se rencontrer après les applaudissements.
Cie-nos-reves.com

La mise en scène dans laquelle ils se sont lancés est inattendue et périlleuse. (…) La pantomime exige une parfaite coordination et relève de la prouesse pour les acteurs. Par ce dispositif, ils inventent une forme nouvelle de distanciation, qui ajoute du jeu, de l’intelligence et du plaisir à la représentation. (…) La belle équipe de Jolie Môme insuffle à la pièce de Brecht l’esprit de gaité, l’élan et la combativité qui les caractérisent.
La chronique de Francis Combes et Patricia LatourHumanite.fr

Un travail qui surprend et force l’attention du spectateur. Est-on là dans un procédé de distanciation, concept cher à Bertolt Brecht ? « Je ne sais pas, répond franchement le directeur du théâtre, je n’agis pas de façon intellectuelle mais plutôt intuitive. »
Maxime Longuet, Journal de Saint-Denis, 29 mars-4 avril 2017

Dans l’enthousiasme que causait pour lui la découverte du marxisme, Brecht écrivit des pièces didactiques dont « l’exception et la règle ». La mise en scène de Michel Roger relève le défi. La dramaturgie adoptée illustre le côté parabolique de l’œuvre. Elle fait éprouver également la déshumanisation produite par les rapports capitalistes. Ceux-ci sont présentés nus. Ce théâtre évoque intentionnellement une dissection.
Initiative Communiste, mensuel du PRCF n° 179

Brecht envisageait ses pièces comme des« instruments d’instruction, au sens de la pratique sociale révolutionnaire », il en est de même pour la compagnie Jolie Môme puisque, l’épilogue tout juste récité : « Reconnaissez l’abus là où se trouve la règle », les comédiens encore sur scène lancent un appel au public à se retrouver dans la rue pour les manifestations à venir. Et ce sont des spectateurs conquis, concernés et convaincus qui sortent de la salle…
Encres vagabondes

L’interprétation, je ne vous en dit rien pour vous en laisser la surprise. Mais elle n’est pas habituelle du tout. Et c’est notamment pour ça que je crois qu’un type comme Brecht aurait aimé. Et qu’en tout cas moi j’aime. En fait si : sur la forme je vais quand même vous en dire un peu… Sur les deux perchés, d’abord. De la photo je veux dire, même s’ils le sont aussi assez (perchés) dans la vie. Pas un mot ; plutôt une onomatopée : Whaouuuuu ! Quelle performance ! Et sur les autres aussi : la même onomatopée (Whaouuuuu !) que vous comprendrez au moment du salut si vous n’avez pas pigé avant. De mon côté je finis par tous tellement les connaître que le whaouuuuu de la fin je l’ai eu rapidement. Alors je ne sais pas le temps qu’il vous faudra ?
Philippe Caro

La technique de mise en scène surprend le spectateur, l’oblige à la concentration, et rapidement la magie opère… Elle fait la part belle à la pantomime, au burlesque, une technique qui tranche avec les spectacles habituels de la Compagnie. C’est un réel plaisir pour le public qui ressort de là en ayant parcouru son propre chemin.
L’Anticapitaliste

QUATRAINS DE LA ROSE

Une méditation

Dans une ambiance tamisée, une douce pénombre favorisant un état méditatif, sur une musique originale de bols chantants, envolées cristallines, doux grondements et infinis reflets sonores du silence, apparaissent, l’une après l’autre, près de deux cent-cinquante fleurs. Montées sur vidéo, les fleurs photographiées semblent tour à tour éclore dans leur simple apparition.
Toutes très différentes, évoquant l’épanouissement ou le fané, le dessèchement ou l’humide, la féerie, la danse, l’étrange, le craquement et le flamboiement, la nostalgie, l’espièglerie et le jeu…, toutes les dix secondes environ, sur un mur lisse, un drap ou un écran, une fleur paraît ; elle, et peut-être son histoire, mais surtout, sa présence.

Un véritable Bain de Beauté
Dans cette atmosphère où l’esprit voyage et les sens se nourrissent des parfums musicaux de la beauté, une voix tantôt s’élève, une voix de femme, qui laisse entendre de très courts poèmes, extrêmement rythmés, des quatrains. La nature de ce rythme est si organique qu’elle passe quasi inaperçue tant elle rejoint le souffle et son harmonie primale.
Ce que cette femme dit est l’histoire, par simples bribes et résonances, du corps en sa blessure et d’une rencontre avec les fleurs, la Rose en particulier.
Tantôt vient s’y mêler la voix de l’homme, à laquelle elle s’unit le temps d’un chant.
C’est donc à un véritable bain de beauté, de perceptions et d’expressions mêlées, à un chant plus qu’à un dialogue, que le spectateur est convié.

COUPLES

Dans un lieu qui pourrait un grand hôtel de villégiature, ou un immeuble labyrinthique, la nuit, une adolescente n’arrive pas à dormir. Les yeux grands ouverts dans le noir elle écoute. Des adultes font la fête, font l’amour, font la guerre… Elle se lève, sort de sa chambre, déambule, espionne. Elle surprend des bribes de conversations, des confessions, des étreintes, des fous rires, des larmes. L’intimité des adultes qui s’aiment, se séparent ou restent ensemble cent ans. Des couples de tout genre. L’adolescente assiste à une sorte d’ inventaire des relations amoureuses contemporaines et porte sur elles un regard curieux, amusé, parfois critique. Elle poursuit un parcours initiatique dans les sentiers de l’amour et ce faisant elle grandit, quitte l’adolescence, devient femme, part découvrir par elle-même le monde, l’amour, les mystères des passions humaines.

Susana Lastreto : biographie

DISCOURS DE LA SERVITUDE VOLONTAIRE

« Soyez donc résolus à ne plus servir et vous serez libres. Je ne veux pas que vous le heurtiez, ni que vous l’ébranliez, mais seulement ne le soutenez plus, et vous le verrez, comme un grand colosse dont on dérobe la base, tomber de son propre poids et se briser. »

« Certes, ainsi que le feu d’une étincelle devient grand et toujours se renforce, et plus il trouve de bois à brûler, plus il en dévore, mais se consume et finit par s’éteindre de lui-même quand on cesse de l’alimenter : pareillement plus les tyrans pillent, plus ils exigent ; plus ils ruinent et détruisent, plus on leur fournit, plus on les gorge ; ils se fortifient d’autant et sont toujours mieux disposés à anéantir et à détruire tout ; mais si on ne leur donne rien, si on ne leur obéit point; sans les combattre, sans les frapper, ils demeurent nus et défaits: semblables à cet arbre qui ne recevant plus de suc et d’aliment à sa racine, n’est bientôt qu’une branche sèche et morte. »

« Souffrir les rapines, les brigandages, les cruautés, non d’une armée, non d’une horde de barbares, contre lesquels chacun devrait défendre sa vie au prix de tout son sang, mais d’un seul ; nommerons-nous cela lâcheté ? » 

« Chose vraiment surprenante (et pourtant si commune, qu’il faut plutôt en gémir que s’en étonner) ! C’est de voir des millions de millions d’hommes, misérablement asservis, et soumis tête baissée, à un joug déplorable, non qu’ils y soient contraints par une force majeure, mais parce qu’ils sont fascinés et, pour ainsi dire, ensorcelés par le seul nom d’un qu’ils ne devraient redouter, puisqu’il est seul, ni chérir, puisqu’il est, envers eux tous, inhumain et cruel. »

« …si l’on voit, non pas cent, non pas mille, mais cent pays, mille villes, un million d’hommes ne pas assaillir, ne pas écraser celui qui, sans ménagement aucun, les traite tous comme autant de serfs et d’esclaves : comment qualifierons – nous cela ? »

« N’est-ce pas honteux, de voir un nombre infini d’hommes, non seulement obéir, mais ramper, non pas être gouvernés, mais tyrannisés, n’ayant ni biens, ni parents, ni enfants,  ni leur vie même qui soient à eux ? »

« Disons donc que, si toutes choses deviennent naturelles à l’homme lorsqu’il s’y habitue, seul reste dans sa nature celui qui ne désire que les choses simples et non altérées. Ainsi la première raison de la servitude volontaire, c’est l’habitude. »

Étienne de La Boétie

 

PAROLES DE SPECTATEURS…

« […]. Le plaisir est au rendez-vous. […] Il ne s’agit pas simplement ici d’un seul en scène se contentant d’une profération ; il y a plus : une mise en scène (d’Antonio Diaz-Florian, directeur du théâtre), un décor et des costumes (Abel Alba), une vraie interprétation (Graziella Lacagnina). »

In « L’OURS », article de Robert ANDRÉ – 7 juin 2024
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Déjà, arriver au Théâtre de l’Epée de Bois est une invitation à un voyage, hors du temps, un voyage comme seul le théâtre peut proposer. Dans la salle dit du « salon » on assiste à un discours éclairé, brillant, puissant, merveilleusement interprété par Graziella Lacagnina, qui donne vie à Etienne de la Boétie, ()

Marie Pierre BORDEL – le 2 décembre 2024
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Si La Boétie recense trois catégories de tyrans, il n’a de cesse d’opposer la liberté des individus à qui il revient de la rechercher inlassablement.
Car il en va de leur dignité d’être humain – de notre dignité et aussi de notre responsabilité. ()

Roland TAVEL – le 23 novembre 2023
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