Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n’est qu’un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c’est l’union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompés en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière et on se dit : j’ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois ; mais j’ai aimé. C’est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui.
Alfred de Musset
Qu’est-ce qui pousse Alceste vers Célimène ? Ces deux personnages sont des contraires et pourtant, ils s’attirent comme les pôles opposés d’un aimant. La sensualité de l’un épouse celle de l’autre sans que la raison s’en mêle. Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît point.
Cette sensualité n’est pas décrite par Molière lorsqu’il écrit Le Misanthrope au XVIIème siècle, en 1666 et pourtant elle transpire dans tous les silences, tous les regards, tous les non-dits de ces deux amoureux.
C’est sous cet axe dramaturgique que je porte mon regard : le cœur, la sensualité.
Comment traduire ce qui n’est pas dit par Molière ? Par le corps naturellement, la danse ! Et ce qui me paraît révéler le plus le désir, l’éveil des sens, la complexité du couple se trouve dans le tango argentin.
Qu’on le veuille ou non, tout couple est aux prises avec une certaine lutte pour le pouvoir. Si ce combat est mené dans le respect de l’intégrité des personnalités, il peut régner une sorte d’harmonie qui favorise l’épanouissement de chacun des protagonistes.
Alceste et Célimène décideront finalement de ne pas lutter, de ne pas s’essayer à l’amour, par peur de s’y perdre. C’est là leur tragédie.
Karine Dedeurwaerder