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ÊTRE VIVANT – Paroles d’oiseaux de la terre

Dans un château-poulailler ambulant, au lever du jour, une équipe de poules entre en scène pour rencontrer le public. À leurs côtés, Fourmi, personnage singulier, est là pour les accompagner.
Elle fait en sorte que tout se passe bien pour que les poules puissent délivrer leur message. Elles ont quelque chose d’essentiel à partager avec le public, Fourmi en est convaincue. Elle ne sait pas comment cela va se manifester, et elle ne sait pas à quel moment. Mais ce qui est sûr, c’est que cela va arriver.
En attendant, la vie suit son cours sur le plateau. Fourmi savoure des moments simples avec les poules. Elle est en lien étroit, sensible et permanent avec elles, un véritable exercice d’équilibre. Elle trouve alors naturellement des espaces de parole pour nous raconter leur histoire et son histoire. Comment en sont-elles arrivées à venir jusqu’à un plateau de théâtre pour dévoiler leur vérité ? Les différentes personnalités des poules et leurs traits de caractère au plateau reflètent en écho différents aspects du personnage.

En attente d’un temps qui pourrait arriver à tout moment, ces êtres singuliers nous ramènent à la quiétude du présent ; l’état naturel des poules ramenant Fourmi à son état essentiel d’être vivant.

Être Vivant est une création atypique tissant sa démarche vers une philosophie de la simplicité. Elle invite à entendre d’autres échos du monde, ou bien l’écho d’autres mondes si près de nous, là, au bord de l’intime.

QUATRAINS DE LA ROSE

Dans une ambiance tamisée, une douce pénombre favorisant un état méditatif, sur une musique originale de bols chantants, d’envolées cristallines et de grondements doux tels d’infinis et subtils reflets sonores du silence, apparaissent, l’une après l’autre, près de trois cents fleurs. (Les photos sont montées sur support vidéo).
Toutes très différentes, évoquant l’épanouissement comme le fané, le dessèchement comme l’humide, la nature, la féerie, la joie, l’adoration, l’étrange, le craquement et le flamboiement, la nostalgie, la danse, l’espièglerie, l’inquiétant, le jeu…, toutes les dix secondes, sur un espace blanc, un mur lisse, un drap ou un écran, une fleur paraît ; elle, et peut-être son histoire, du moins son rayonnement et surtout sa présence.
Dans cette atmosphère où l’esprit voyage et les sens se nourrissent des parfums musicaux de la beauté, une voix tantôt s’élève, une voix de femme, qui laisse entendre de très courts poèmes, extrêmement rythmés, des quatrains. La nature de ce rythme est si organique qu’elle passe quasi inaperçue tant elle rejoint le souffle et son harmonie primale.
Ce que cette femme dit est l’histoire, par simples bribes et résonances, du corps en sa blessure et d’une rencontre avec les fleurs, la Rose en particulier.
Tantôt vient s’y mêler la voix de l’homme, à laquelle elle s’unit le temps d’un chant.
C’est donc à un véritable bain de beauté, de perceptions et d’expressions mêlées, à un chant plus qu’à un dialogue, que le spectateur est convié.

CONVOCATIONS

« Tous ceux qui survenaient et n’étaient pas moi-même amenaient un à un les morceaux de moi-même »
Cortège, Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913

À l’heure où user de son droit de vote est considéré pour beaucoup comme inutile, et que la conscription appartient déjà au passé, qu’en est-il d’interroger le dernier grand territoire de notre vie démocratique, le dernier grand devoir, qui aujourd’hui est remis en cause par le politique, auquel nous,  citoyens, nous ne pouvons pas nous substituer, lorsque nous sommes appelés pour garantir la vitalité et le bien vivre ensemble dans notre société: Être juré d’assises.
Questionner le sentiment de Justice, qui est le socle, le fondement de ce qui nous unit et qui se fait le garant de la concorde au sein du pacte social, mais qui est également à la source des conflits qui nous opposent et nous divisent. L’idée et la notion de Justice, éminente ou ordinaire, aujourd’hui dans notre quotidien et dans notre société.
C’est à travers quatre journées dans l’intimité de la salle des délibérés que nous créerons différents instantanés de notre époque, interrogeant ainsi sans faux semblant ce rapport à la justice et aux multiples injustices qui en découlent, comme pour mieux témoigner d’un regard sans concession sur notre société et sur nous-mêmes.

« Ne trahir ni les intérêts de l’accusé, ni ceux de la société qui l’accuse »

Nous ne traiterons pas d’une affaire en particulier, mais c’est au coeur de l’intime de ce moment singulier, dans ce lieu secret, la salle des délibérés, où les jurés, pluriels dans leurs horizons, se retrouvent pour partager leurs impressions, juger, établir un verdict et se prononcer sur une sentence, au sein de cet espace intime dont personne ne sait rien et dont eux-mêmes ne peuvent trahir ce qui est dit, que nous les observerons évoluer dans leurs différences, leurs inquiétudes, leurs certitudes, leurs doutes et leurs espérances.
Leur offrant une parole libre qui se fera le témoin et le regard de notre époque. Aidé par une écriture aux dialogues croisés qui par glissements s’étend vers d’autres champs constituant les socles de notre société, élargissant la salle des délibérés à d’autres territoires, où ce sentiment de Justice est constitutif de notre corps social. Transformant ainsi pour quelques instants la salle des délibérés en une salle de classe, un commissariat, un hôpital, un plateau TV, une entreprise, une famille… Jurés, devenant tour à tour policiers, élèves, professeurs, juges, avocats, parents, employeurs, personnalités connues et emblématiques… Multiplicité des regards explorant à travers ces différents prismes nos actes et nos pensées les plus secrètes. Images, nous renvoyant à l’intime de nos consciences et à notre regard sur le monde.
Il ne s’agit pas pour nous de tenter de représenter un procès et le rituel d’un tribunal. C’est à travers ces journées particulières, dans le « off » qui accompagnent les débats, lorsque les jurés se retrouvent en compagnie du juge pour analyser les éléments du dossier en vue des délibérations, que  nous installons notre regard. Un instantané de notre époque, dans ses choix, ses contradictions, ses peurs, ses démons, ses espoirs et ses attentes. Dans ce moment intime où les consciences se heurtent et se doivent, avec l’impartialité et la fermeté qui conviennent aux hommes probes et libres, de se prononcer.