Archives pour la catégorie se joue en Février 2025

ROMÉO ET JULIETTE

« Des fatales entrailles de ces races rivales sont nés deux amoureux sous une mauvaise étoile ». Privilégiant la lutte de l’Homme face au Destin, à celle des Montaigu aux Capulet, l’adaptation s’axe sur la problématique de la fatalité : sommes-nous les jouets de la Fortune ou pouvons-nous avoir une emprise sur notre Destin ? Des artistes multidisciplinaires (violoncelle, guitare, accordéon, chant, danse, combat) s’emparent du mythe de Roméo et Juliette pour embarquer les spectateurs au cœur d’un foisonnement de passion où se côtoient grivoiserie et poésie, comédie et tragédie, réalisme et fantastique.

Extraits de presse

Adaptation bouleversante. De sublimes lumières et la musique, omniprésente doublure du texte, participent du charme puissant du spectacle. Le violoncelle est un atout maître, déchirant et magnifique.
L’Express

Manon Montel tire du classique de Shakespeare une morale quasi-bovaryste : un véritable moment de grâce.
Le Figaro

On entend merveilleusement la poésie de Shakespeare.
L’Obs

C’est fluide, c’est drôle, pertinent et parfois impertinent ! Une très belle réinterprétation d’un classique des classiques.
France Ô

On voit la force irradiante de l’amour.
Le Monde

Les flashbacks, combat et duo dansé renforcent l’image de légende des amoureux.
L’Humanité

Un vrai bonheur que ce Roméo et Juliette. En forme d’épure de l’intrigue, visant la clarté, la mise en scène laisse paradoxalement éclater le foisonnement des passions et des dérélictions, le côtoiement incessant de la tragédie et de la comédie.
La Terrasse

EMMA PICARD

Le roman
Un faux pas dans la vie d’Emma Picard
 est le troisième roman d’une tétralogie consacrée à l’histoire de familles françaises en Algérie (C’était notre terre, Les Vieux Fous, Un faux pas dans la vie d’Emma Picard, Attaquer la terre et le soleil — pour ce dernier roman, Mathieu Belezi a reçu le prix Le Monde 2022 et le prix du Livre Inter 2023).
Dans les années 1860, pour échapper à la misère en France, Emma Picard, paysanne, veuve et mère de quatre fils, accepte de partir en Algérie cultiver vingt hectares de terre que lui octroie le gouvernement français.
Après quatre années de labeur infructueux, de deuils et de catastrophes naturelles, elle s’assied près de Léon, le plus jeune de ses fils, blessé, et fait le récit — lyrique et poignant — de son combat permanent pour la survie.
Le récit qu’Emma fait de sa vie et de ses épreuves est parsemé de questions par lesquelles elle tente vainement d’impliquer Léon dans un impossible dialogue et qui nous ramènent constamment à la situation douloureuse d’une mère qui veille son enfant souffrant.
Dans ce monologue, livré d’un trait comme en un expir, Emma Picard se raconte et dresse le portrait d’une femme de condition modeste au XIXème siècle.

Qui es-tu Emma Picard ?
Colon par nécessité, Emma Picard est avant tout une paysanne. Son récit témoigne d’un rapport viscéral — sensible et poétique — à la nature, mais aussi au travail de la terre, qu’elle mène avec une détermination sans faille jusqu’à l’entêtement tragique.
Dès le début du récit, puis sous la forme d’un leitmotiv lancinant, Emma Picard se désole de sa propre naïveté, estimant s’être fait berner par les fonctionnaires du gouvernement français. Les phases d’espoir et de découragement successives au fil des épreuves endurées la laissent aussi peu à peu en proie au doute et à la colère face à la religion.

La tragédie universelle des sans-voix
Le texte de Mathieu Belezi s’inscrit dans la grande tradition d’une littérature qui donne une voix à celles et ceux dont on ne parle jamais et qui n’ont jamais la parole. En ce sens, il apporte un éclairage singulier sur l’histoire de la colonisation de l’Algérie. Femme, veuve, pauvre, à la merci des puissants, tentant désespérément de survivre dans des circonstances hostiles, Emma Picard est une héroïne tragique, emblématique de tous les laissés-pour-compte, qui nous interpelle par la dimension universelle d’une tragédie personnelle livrée dans l’intimité d’un soliloque bouleversant.
A son arrivée en Algérie, Emma Picard est conduite sur ses terres par Mékika, un algérien qui choisit de rester avec elle et ses fils pour travailler à la ferme. Loin d’occulter le drame de la colonisation qui est omniprésent dans le récit, la relation qui se tisse entre Emma, ses fils et Mékika nous parle de solidarité dans la lutte pour la survie et de la fraternité des travailleurs de la terre.

Du roman à la scène
Tout en préservant les propriétés stylistiques du long monologue d’Emma Picard — que Mathieu Belezi décrit comme un lamento — nous nous sommes efforcés d’en restituer la bouleversante humanité.
Du fait de la situation d’Emma lorsqu’elle entreprend son récit (anéantie, assise sur une chaise), la mise en espace est nécessairement sobre. C’est donc essentiellement par les nuances et les subtilités de l’interprétation que l’on pourra amener le spectateur au plus près des émotions du personnage et que l’on fera entendre la beauté du texte.

 

Extraits de presse

L’HumanitéGérald Rossi
Marie Moriette est éblouissante dans ce seule en scène adapté du roman de Mathieu Belezi. Un beau et grand moment de théâtre. (lire la suite)

SNES-FSUFrédérique Moujart
Dans un décor épuré, au bord de la folie, Emma, admirablement incarnée par l’éblouissante et bouleversante Marie Moriette, nous dit avec force et lyrisme cette tragédie. Il faut aller voir ce spectacle en tous points fascinant et d’une grande intensité émotionnelle.

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Froggy’s delightNicolas Arnstam
Marie Moriette, magistrale, tient le public en haleine dès les premières minutes, elle délivre magnifiquement le texte d’une grande force de Mathieu Belezi. Un formidable spectacle dont on sort sonné, porté par une prestation de comédienne impressionnante.

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HotelloLouis Juzot
Marie Moriette s’appuie sur un jeu naturaliste mais qui reste sobre. Le dispositif est simple, lumière et musique sont distillées à bon escient. Le tableau est sensible et s’inscrit dans l’esthétique populaire et revendicatrice de la deuxième moitié du dix-neuvième siècle d’un Courbet ou d’un Zola.

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L’œil d’OlivierMarie-Céline Nivière
La mise en scène d’Emmanuel Hérault, d’une belle sobriété, est centrée sur cette femme terrassée qui veille sur son petit. Marie Moriette fait résonner avec une intensité poignante la belle supplique de cette femme au cœur brisé, au corps usé par le travail, à l’espérance vaincue.

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ACHAC Groupe de recherche sur l’histoire coloniale
La Compagnie Okeanos propose une adaptation poignante du roman de Mathieu Belezi. Au récit rare de cette ultime tentative pour échapper à la misère, s’entremêle celui de la colonisation française et de sa brutalité. Ce seul-en-scène bouleversant est à ne pas manquer.

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I/O LA GAZETTE DES FESTIVALSYsé Sorel
Porté par une interprétation intense de Marie Moriette, le spectacle, fait le choix judicieux de la sobriété. La langue, à la fois lyrique et profondément terrienne, vibre et prend toute la place pour donner à entendre le destin tragique de cette « vie minuscule » qui participe à la grande histoire.

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FILLE DE PANAMEMarina Glorian
Un récit poignant, porté avec force et subtilité par la magnifique comédienne Marie Moriette, intime, fébrile, lyrique, tragique… La très belle adaptation du roman pour la scène nous restitue la parole de cette paysanne qui a cru à une nouvelle vie. Ce spectacle résonne longtemps en nous.

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LICRAJean Louis Rossi
Jamais le sujet des petits colons partis pour exploiter une terre aride en Algérie n’avait été dévoilé de la sorte. La mise en scène minimaliste est servie par Marie Moriette, une comédienne qui nous amène au plus près de l’émotion de cette femme courageuse. Un spectacle d’une grande humanité.

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La ProvenceAngèle Luccioni
Dans un clair-obscur de circonstance, la comédienne Marie Moriette livre un monologue d’une rare intensité dramatique. Cette création d’une vive sensibilité prolonge l’effort de Mathieu Belezi pour faire revivre au public une vérité historique tragique, trop longtemps ignorée ou déformée.

L’EXCEPTION ET LA RÈGLE

Le Théâtre de l’Épée de Bois est heureux d’accueillir la prochaine création de Bernard Sobel sur l’œuvre de Bertolt Brecht : L’exception et la règle.
Plus d’informations prochainement.

Bernard Sobel, metteur en scène, directeur de la revue Théâtre/Public, réalisateur de télévision, il a dirigé le Centre Dramatique National de Gennevilliers pendant 40 ans et réalisé plus de quatre-vingt-dix spectacles. Puisant dans des répertoires très divers et révélant souvent des auteurs peu connus en France, il a mis en scène aussi bien Shakespeare, Molière, Claudel que de nombreux auteurs allemands et russes, Lessing, Kleist, Büchner, Lenz, Grabbe, Brecht, Müller, Babel, Ostrovski, Volokhov, mais aussi Genet, Beckett ou encore Foreman et Kane… Il a dirigé Maria Casarès, Philippe Clévenot, Daniel Znyk, Anne Alvaro, Denis Lavant, Pascal Bongard, Charles Berling, Sandrine Bonnaire… Bernard Sobel est Commandeur des Arts et des Lettres, Officier de la Légion d’Honneur et titulaire de la médaille Goethe.

Mises en scène 2007-2023
Le Mendiant ou la Mort de Zand de Iouri Olecha Théâtre National de Strasbourg, Théâtre National de La Colline, Théâtre municipal du Mans
Sainte Jeanne des abattoirs de Bertolt Brecht MC93 de Bobigny, Théâtre Dijon-Bourgogne
La Pierre de Marius von Mayenburg Théâtre Dijon-Bourgogne, Théâtre National de La Colline, Théâtre du Nord à Lille
Cymbeline de William Shakespeare ENSATT, MC93 de Bobigny
Amphitryon de Heinrich von Kleist MC93 de Bobigny
L’Homme inutile ou la Conspiration des sentiments de Iouri Olecha Théâtre National de la Colline, Théâtre Dijon-Bourgogne
Hannibal de Christian Dietrich Grabbe T2G Théâtre de Gennevilliers, Théâtre National de Strasbourg, Théâtre Liberté à Toulon, Centre Dramatique National d’Orléans
Old-fashioned prostitute de Richard Foreman, Théâtre des Déchargeurs,
L’Idiot savant de Richard Foreman, Théâtre des Déchargeurs,
Sauvée par une coquette et Le Rêve du papillon de Guan Hanqing, Théâtre des Déchargeurs, Théâtre de Shanghai (Chine)
La Fameuse tragédie du riche Juif de Malte de Christopher Marlowe, Théâtre de l’Épée de Bois
Le Duc de Gothland de Christian Dietrich Grabbe, Théâtre de l’Épée de Bois,
Les Bacchantes d’Euripide, Théâtre de l’Épée de Bois, Théâtre de Gennevilliers. Reprise des Bacchantes du 19 au 23 février 2020 au Théâtre de l’Épée de Bois.
Le secret d’Amalia, un chapitre du Château de F. Kafka au 100ecs, en 2020
La Mort d’Empédocle de J.C.F. Hölderlin au 100ecs, en 2022, Théâtre l’Épée de Bois saison 2022/2023, reprise saison 2023/2024

LE NEVEU DE RAMEAU

La caractéristique de mon Neveu de Rameau est l’incarnation. La priorité est la chair, l’expression des acteurs qui donnent vie aux idées. Une des phrases de l’œuvre, prononcée par le Philosophe, a été mon fil d’Ariane pour ce travail : « Mes pensées ce sont mes catins. » Les pensées vues comme des prostituées ! Le culot de Diderot ! Les idées, faites de chair, dont on se sert pour fréquenter, selon son humeur, des sentiments sublimes ou des lieux infâmes. Jouir intellectuellement, sans barrière, en toute liberté, assouvir les fantasmes de l’esprit, voilà ce qui a guidé cette mise en scène dont la volonté est d’habiller les idées abstraites d’un corps de sueur, d’énergie débridée et de mouvements. Les acteurs, Nicolas Vaude et Gabriel le Doze, ainsi que le claveciniste Olivier Baumont, ont adhéré sans réserve à ce point de vue, et ont insufflé à leurs personnages une vitalité, une jeunesse et une modernité à la mesure de ce texte unique, génial.

Jean-Pierre Rumeau

 

ET LA BÊTE BLESSÉE LA REGARDAIT… OÙ EST ROSA LUXEMBURG ?

«Je n’ai pas connu ma tante Rosa, seulement des conversations de grands que j’attrapais au vol. Quand on a pris l’avion pour assister à son enterrement, c’était étrange. Tout le monde était triste et moi j’étais impressionné de voyager en avion. C’est papa qui a pu sauver une partie de la bibliothèque de tante Rosa…» (Kazimierz Luxemburg, neveu de Rosa)

« Looking for Rosa » en clin d’œil à Al Pacino ? Une sorte d’enquête autour d’une réalité … mystérieuse. Cela pourrait être aussi un roman policier.
Les faits connus : le 15 janvier 1919 Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht sont assassinés par les Corps-Francs, milice organisée par le ministre social-démocrate de l’intérieur. Le corps de Rosa est jeté dans le Landwehrkanal à Berlin.
Un cercueil vide sera enterré le 25 janvier au côté de celui de Liebknecht, funérailles qui rassembleront plus de 100 000 personnes.
Quelques mois plus tard un corps de femme est repêché dans le Landwehrkanal. Il est attribué à Rosa et enterré en juin 1919.
Problème : ce serait un corps un peu plus grand et sans défaut à la hanche. Rosa boite depuis l’enfance après une poliomyélite. En 2009 un mystérieux corps de femme est découvert dans une pièce souterraine d’un Institut médico-légal à Berlin et présenterait des « similitudes stupéfiantes avec celui de Rosa Luxemburg », selon le directeur de cet Institut…
Comme peu d’autres femmes au début du siècle, Rosa Luxemburg a marqué la pensée des Européens socialistes et s’est attiré la haine des forces de droite et de gauche. En tant que juive, communiste, et surtout en tant que femme publique sûre d’elle, elle a été autant admirée que méprisée et finalement assassinée.
Le spectacle est une enquête sur une femme cultivée, pleine d’esprit et d’humour. Ce n’est pas un montage épistolaire, mais la recherche de cette femme dont le corps a peut-être totalement disparu.
Nous commençons par la fin de l’histoire : la mort de Rosa et le mystère autour de sa disparition. Et nous reprenons le fil de sa vie. Trois temporalités : le temps de Rosa la rouge, ses lettres de prisons pendant la Grande Guerre, le temps de son neveu Kazimierz. Notre temps, enfin, de fabrication du spectacle, Aurélie Youlia et Pierre Puy menant une enquête dans le désir de nous faire découvrir les engagements et l’amour de la vie, de toute les vies qui animaient cette femme de combat et de ses proches. Entre univers poétique et recherche documentaire notre travail évoque la curiosité de Rosa pour les plus infimes manifestations de vie – une fleur poussant entre les pierres des murs de sa prison, un oiseau se posant entre les barreaux du soupirail – elle y puise son énergie vitale.

Entre Paris et Mannheim, Aurélie Youlia et Inka Neubert ont reconstitué pour ce projet la vie et la personne de Rosa Luxemburg à partir de son extraordinaire correspondance et des souvenirs de son neveu Kazimierz Luxemburg. Aidées de vidéos, de chansons et de sons pour parler aussi de notre temps présent. Il en ressort l’image d’une femme forte à une époque de grands bouleversements et de violence massive. Qui est Rosa L.? Et d’où vient qu’elle nous fascine encore aujourd’hui ?
Aurélie Youlia

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Presse

Rheinpfalz Zeitung, 19/10/24 :

Une collaboration franco-allemande absolument exemplaire 

Le Theaterhaus G7 et la troupe indépendante Compagnie des Luthiers ont trouvé une collaboration, qui est tout simplement exemplaire. L’idée, le choix des citations et les textes viennent d’Aurélie Youlia. Pour la réalisation, la metteuse en scène Inka Neubert a utilisé les moyens les plus sophistiqués du cinéma documentaire.
Avec Aurélie Youlia, le ton devient parfois si intimiste qu’on a l’impression de pénétrer dans son intérieur vulnérable. Immédiatement après, il s’élève jusqu’à un discours victorieux. Pierre Puy apporte un ton plus objectif et utopique. Un des points culminants (…) sont quatre chansons, deux françaises et deux allemandes de Tucholsky/Hollaeander et Brecht/Eisler.
L’interaction entre la découverte partagée et un dialogue essentiellement complémentaire, qui peut effectivement dégénérer en disputes, est très dynamique.

Mannheimer Morgen, 19/10/24 :

Plus qu’une simple pièce de théâtre – il s’agit d’une enquête approfondie et d’un portrait vivant.
Un dialogue dynamique s’instaure qui met en avant les convictions et la radicalité de Luxemburg.

Les acteurs Aurélie Youlia et Pierre Puy alternent entre événements historiques et réflexions personnelles, donnant ainsi vie à différentes perspectives sur la vie et l’œuvre de Rosa Luxemburg. Sur scène, un dialogue dynamique s’instaure qui met en avant les convictions et la radicalité de Luxemburg.
Sous la direction d’Inka Neubert, la pièce se transforme en une exploration de la vie et de l’œuvre de l’une des figures les plus influentes de l’histoire européenne. Il s’agit plus qu’une simple pièce de théâtre – il s’agit d’une enquête approfondie et d’un portrait vivant d’une femme dont les idées et les convictions sont encore très pertinentes aujourd’hui. La mise en scène (…) plonge également dans l’univers de pensée révolutionnaire de Rosa Luxemburg sur le plan émotionnel et intellectuel.

LA MORT D’EMPÉDOCLE (Fragments)

La vie et l’œuvre d’un poète ne se laissent limiter ni par l’espace ni par le temps, parce que leurs racines sont ailleurs. Elles ont bien pourtant, une genèse commune : elles se déroulent et se composent sur la terre et dans l’histoire, c’est-à-dire dans leur « actualité » et poursuivent leur existence dans les rapports qu’elles entretiennent avec leur « avenir »- avec le temps de ceux qu’elles interpellent au-delà de la mort.

Parce qu’il sait voir la réalité sous tous ses aspects – la réalité de son temps comme celle au-delà du temps- Hölderlin est allé jusqu’au bout de ses forces pour la saisir dans sa totalité, dans sa plénitude. Confondue avec la vie même, son expérience en a fait éclater les limites et, transmuée en œuvre, elle peut devenir nôtre si nous savons entendre enfin le dialogue de l’Homme et de l’œuvre.

Hölderlin André Alter – Édition Champ Vallon

Extraits de presse

« Bernard Sobel met en jeu, de main de maître, cette épopée philosophique de haut voltage. Sur la vaste scène vide, devant un mur de pierre troué de trois bouches d’ombre , la fable visionnaire se calligraphie en toute clarté, comme obéissant à un secret théorème de géométrie dans l’espace. Entrées et sorties se font souvent par la salle, option démocratique, car tout ici, dans la plus digne austérité formelle, sans aucune bassesse, s’attache avant tout au respect de la vision du poète, sa profonde nécessité et sa rhétorique profuse où se tressent déchirements et enfantements de monde en une sublime cristallisation. Le dire, la profération, soit le souffle d’un type particulier et la gestuelle qu’exige une telle partition, somme toute héroïque, caractérise l’interprétation générale »
Jean-Pierre LéonardiniL’Humanité (Lire plus)

« Bernard Sobel réunit un aréopage de comédiens de très haute vertu dans la salle en pierre du théâtre de l’Epée de Bois. Le jeu, le texte, le sens. Un geste épuré pour une partition exigeante. Sublime ! »
Catherine RobertLa Terrasse
(Lire plus)

« Dans un espace vide sur lequel surgissent les comédiens venus de la salle, depuis le haut des gradins, scène dont les trois portes – voûtes arrondies de pierre – font apparaître la lave lumineuse de l’Etna en fusion, des couleurs rougeoyantes soutenues par la sonorisation des éruptions volcaniques, s’accomplit, préparée, l’atteinte à sa vie, choisie irréversiblement par le thaumaturge. Grand plaisir de théâtre où résonne la force poétique verbale – écho à la conscience existentielle. »
Véronique HotteHottello (Lire plus)

« Ici, avec Sobel, chaque comédien est toujours à son exacte place, là où il doit être. C’est un poème tragique : pas de mouvements, ni de gestes inutiles qui distrairaient notre écoute. Résultat : tous les comédiens, y compris les jeunes élèves de la Thélème Théâtre École (que dirige Julie Brochen), sont formidables. C’est un travail de troupe. Et puis, l’épure est toujours signe de beauté. »
Chantal BoironUbu Apite (Lire plus)

DISCOURS DE LA SERVITUDE VOLONTAIRE

« Soyez donc résolus à ne plus servir et vous serez libres. Je ne veux pas que vous le heurtiez, ni que vous l’ébranliez, mais seulement ne le soutenez plus, et vous le verrez, comme un grand colosse dont on dérobe la base, tomber de son propre poids et se briser. »

« Certes, ainsi que le feu d’une étincelle devient grand et toujours se renforce, et plus il trouve de bois à brûler, plus il en dévore, mais se consume et finit par s’éteindre de lui-même quand on cesse de l’alimenter : pareillement plus les tyrans pillent, plus ils exigent ; plus ils ruinent et détruisent, plus on leur fournit, plus on les gorge ; ils se fortifient d’autant et sont toujours mieux disposés à anéantir et à détruire tout ; mais si on ne leur donne rien, si on ne leur obéit point; sans les combattre, sans les frapper, ils demeurent nus et défaits: semblables à cet arbre qui ne recevant plus de suc et d’aliment à sa racine, n’est bientôt qu’une branche sèche et morte. »

« Souffrir les rapines, les brigandages, les cruautés, non d’une armée, non d’une horde de barbares, contre lesquels chacun devrait défendre sa vie au prix de tout son sang, mais d’un seul ; nommerons-nous cela lâcheté ? » 

« Chose vraiment surprenante (et pourtant si commune, qu’il faut plutôt en gémir que s’en étonner) ! C’est de voir des millions de millions d’hommes, misérablement asservis, et soumis tête baissée, à un joug déplorable, non qu’ils y soient contraints par une force majeure, mais parce qu’ils sont fascinés et, pour ainsi dire, ensorcelés par le seul nom d’un qu’ils ne devraient redouter, puisqu’il est seul, ni chérir, puisqu’il est, envers eux tous, inhumain et cruel. »

« …si l’on voit, non pas cent, non pas mille, mais cent pays, mille villes, un million d’hommes ne pas assaillir, ne pas écraser celui qui, sans ménagement aucun, les traite tous comme autant de serfs et d’esclaves : comment qualifierons – nous cela ? »

« N’est-ce pas honteux, de voir un nombre infini d’hommes, non seulement obéir, mais ramper, non pas être gouvernés, mais tyrannisés, n’ayant ni biens, ni parents, ni enfants,  ni leur vie même qui soient à eux ? »

« Disons donc que, si toutes choses deviennent naturelles à l’homme lorsqu’il s’y habitue, seul reste dans sa nature celui qui ne désire que les choses simples et non altérées. Ainsi la première raison de la servitude volontaire, c’est l’habitude. »

Étienne de La Boétie

 

PAROLES DE SPECTATEURS…

« […]. Le plaisir est au rendez-vous. […] Il ne s’agit pas simplement ici d’un seul en scène se contentant d’une profération ; il y a plus : une mise en scène (d’Antonio Diaz-Florian, directeur du théâtre), un décor et des costumes (Abel Alba), une vraie interprétation (Graziella Lacagnina). »

In « L’OURS », article de Robert ANDRÉ – 7 juin 2024
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Déjà, arriver au Théâtre de l’Epée de Bois est une invitation à un voyage, hors du temps, un voyage comme seul le théâtre peut proposer. Dans la salle dit du « salon » on assiste à un discours éclairé, brillant, puissant, merveilleusement interprété par Graziella Lacagnina, qui donne vie à Etienne de la Boétie, ()

Marie Pierre BORDEL – le 2 décembre 2024
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Si La Boétie recense trois catégories de tyrans, il n’a de cesse d’opposer la liberté des individus à qui il revient de la rechercher inlassablement.
Car il en va de leur dignité d’être humain – de notre dignité et aussi de notre responsabilité. ()

Roland TAVEL – le 23 novembre 2023
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