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LA DOUBLE INCONSTANCE

Aimer, c’est se mettre sous la coupe de l’autre ; être aimé, c’est avoir tout pouvoir sur l’autre, c’est le «posséder»…

Drôle d’histoire, drôle de manipulation. Et drôle d’atmosphère paradoxale que celle de ce théâtre marivaudien, qui semble suspendu dans un entre- deux onirique et qui, pourtant, met en scène avec une confondante minutie le comportement d’êtres humains qui nous ressemblent étonnamment dans leurs élans et leur naïveté comme dans leurs rodomontades et leurs insignes faiblesses.

ILIADE / BRISÉE

Une Iliade rock au féminin.
Briséis – la captive d’Achille, sa préférée, celle qu’il aurait épousée peut-être si les dieux ou le destin n’en avaient décidé autrement – raconte ce qu’elle a vu, ce qu’elle a vécu à Troie.

Princesse devenue butin de guerre, enjeu de l’Iliade elle-même, puis oubliée…, comme les peintures murales de l’époque mycénienne, Briséis est sur le point de tomber en poussière. Contre l’oubli, elle prend la parole…

JEAN RACINE, CHANTS DE LA PASSION

Jean Racine, portant au plus haut degré de perfection la tragédie française de son époque, traduit magnifiquement l’humanité, la vérité et l’ambivalence de ses personnages.

Un comédien, une chanteuse et un luthiste, à la lueur des bougies, font entendre la poésie et le lyrisme des passions humaines selon Racine. Airs amoureux, passions tragiques ou grands récits, chantés et déclamés selon les codes baroques nous touchent profondément.

LE JEU DU CHAT ET DE LA SOURIS

Deux sœurs largement sexagénaires…
Deux conceptions opposées de la vie…
Des échanges  tendres et rudes qui nous parlent d’âge avancé et de passion,  de solitude et d’amitié,  de déracinement et d’enracinement…
Istvan Örkény nous parle de la vie, quoi!
Et avec délicatesse,  humour et cruauté, il nous fait osciller du rire aux larmes avec virtuosité.

Istvan Örkény (1912-1979) est un auteur hongrois.
Dans ses écrits se mêlent Absurde et Grotesque.
Ses deux pièces traduites en français, La Famille Tot et Le Chat et la Souris sont créées en France dès 1968. Elles obtiennent le prix de l’Humour Noir en 1971.

Une histoire banale… from Valentin Lagard Films on Vimeo.

HUGO DE PÈRE EN FILLES

Victor Hugo avait deux filles : Léopoldine, morte noyée à dixneuf ans, et Adèle, devenue folle, enfermée dans une « maison de folles » dont elle ne sortira que pour assister à quelques représentations des œuvres théâtrales de son père.
« Hugo, de père en filles » donne la parole à Adèle et Léopoldine et, à travers leur destinée, raconte une vie et une œuvre emplies de personnages et de fantômes, une œuvre de combat, inclassable – tantôt romantique, lyrique, tragique, historique, épique, réaliste, mystique, fantastique…

ADÈLE HUGO, « Dédé »
Elle portait le prénom de sa mère, mais chez les Hugo, on l’appelait plutôt « Dédé ».  Cinquième enfant d’une famille entièrement dévouée au patriarche – poète et romancier –, Adèle connut comme sa sœur Léopoldine – morte noyée à l’âge de dix-neuf ans –, un destin tragique.  L’histoire retient davantage les célèbres vers du recueil Les Contemplations dans lesquels Victor Hugo rend hommage à Léopoldine – l’enfant trop tôt disparu – tandis que l’autre – Adèle – glissait lentement vers le précipice de la folie… En effet, affectée par la mort prématurée de sa sœur Léopoldine et supportant mal l’exil à Guernesey, Adèle montre, dès 1856, des signes de troubles psychiques. Pendant de longues années d’errance et d’éloignement de la cellule familiale, Adèle sombre dans la démence. En 1871, l’exil de Victor Hugo se termine. Il rentre à Paris, fait rapatrier sa fille, et il l’interne, l’année suivante à l’hôpital Saint-Mandé.  Adèle passe alors le restant de ses jours – soit plus d’une quarantaine d’années ! – enfermée.  À la mort de Victor Hugo, elle est admise à Suresnes. Elle y meurt en 1915, mais la Première Guerre Mondiale occulte la disparition de la dernière des enfants Hugo. Triste destinée que celle de cette belle jeune fille si douée pour la musique et l’écriture…

LÉOPOLDINE HUGO, « Didine »
Fille aînée de Victor. Elle naquit le 28 août 1824, un an après son frère aîné, Léopold, né le 16 juillet 1823, et mort le 9 octobre de la même année, à l’âge d’à peine 3 mois. Dans la famille on l’appelle « Didine ».  Les nombreux amis de son père lui font fête. Plus tard, elle séduit, sans le chercher, et les prétendants ne manquent pas. En 1839, elle tombe amoureuse de Charles Vacquerie. Le jeune ménage s’installe au Havre, au domicile de la belle-famille de Léopoldine.  Le 4 septembre 1843, Léopoldine et son mari s’embarquent pour une promenade en bateau à voile. Un coup de vent renverse le bateau. Léopoldine, qui ne sait pas nager, s’agrippe au bateau, mais finit par être emportée, et son mari, excellent nageur est noyé également, sans qu’on puisse affirmer qu’il s’est laissé couler pour ne pas survivre à sa femme.

VICTOR HUGO, « Toto »
À la mort de Léopoldine, pour Victor Hugo le choc est terrible. Une fracture se produit dans sa vie, qui va se répercuter dans sa production. C’est à partir de cette date que Victor ne créera plus rien jusqu’à son exil en 1851 : aucun poème, aucune pièce de théâtre, aucun roman. Il ne fera rien paraître pendant sept ans, et c’est plus tard l’action politique qui le reconduira à publier.  Léopoldine hantera toute sa vie, et la tristesse de sa mort insufflera à son père l’inspiration de plusieurs poèmes composant le recueil « Les Contemplations » qu’il publiera en 1856 et dont l’un de ses poèmes « Demain, dès l’aube… » est un hommage à sa fille. Tout comme il avait écrit beaucoup de vers pour elle alors qu’elle était vivante – au cours de ses voyages, presque annuels depuis 1834, Victor Hugo écrivait très souvent à sa fille aînée – il en écrit plus encore sur elle après sa perte. Il la chérissait comme un symbole de pureté. Pourtant, Hugo ne viendra sur la tombe de sa fille qu’en septembre 1846.

LA KABBALE SELON ABOULAFIA

Dans cette pièce se joue le combat intime entre l’ambition sociale et l’aspiration à suivre un « chemin de perfection » ou plutôt de perfectionnement.
Aboulafia, kabbaliste espagnol de la fin du XIIIe siècle, incarne ce cheminement. Son voyage à Rome en 1290 est historique. Digana est inspirée par la papesse Jeanne qui a vécu un siècle plus tard. Un troisième personnage, le frère convers, a la foi du charbonnier.
Si la Kabbale est un produit original de la culture juive, la pièce tend à l’universel. Car régner sur soi-même ou régner sur les autres, tel est le choix essentiel qui se pose à Digana.

DUC DE GOTHLAND

Dans le vacarme du vent et les cris des naufragés, une mer déchaînée lance sur les rivages d’Europe des peuples venus venger mépris, oppression et pillages longtemps subis.
Frère voyant de Rimbaud et de Freud, Grabbe, avec cette oeuvre, nous permet de réfléchir, en dehors de toute « morale », sur ce qui fonde ce qu’on appelle la civilisation, si peu naturelle et si fragile, si contestable et si précieuse.

Exposition «Humanité»

Je me rappelle,
toute petite, quand j’allais dans les champs de mon père
et que je voyais de grands arbres abattus par une tornade,
je me disais : au lieu qu’ils tombent et pourrissent,
si je pouvais les transformer en quelque chose de beau,
si j’avais ce pouvoir… Tout ce qui se perd me touche.
Que l’on soit homme ou femme, arbre, animal ou insecte,
c’est le même corps…
Je raconte la vie humaine, tout ce qui vit et meurt
pour naître à nouveau… je raconte la vie qui n’a pas de fin…

Eugénie Bitty