Archives pour la catégorie Archive

CAUSERIE AVEC LACLOS

Dans cette causerie, la conscience de Valmont est examinée par celui qui l’a fait naître : Laclos.
Ce dialogue au Purgatoire a pour enjeu le salut et du maître et de sa créature.
En ayant fait de Valmont un « prédateur sexuel », Laclos relève la corruption des aristocrates de son siècle.
Il est à la fois celui qui en fait état et celui par qui le scandale arrive.
Pour avoir écrit Les liaisons dangereuses, ses dettes lui seront-elles remises ?
Comment le libertinage de Valmont pourra-t-il être réparé ?

*

D’après Georges Banu, Travail théâtral, hiver 1977 :
« (Valmont)… se présente aux spectateurs dans une attente immobile, où l’on peut voir des souvenirs lointains du Purgatoire. C’est là que se trouvent les « négligents » selon l’appellation de Dante, ceux qui ont vécu sans but, ni direction. Incapable de cristalliser le vice ou la vertu, ils ont erré jusqu’au dernier moment, celui de la presque invocation du pardon. Grâce à celle-ci, ni damnés, ni élus, ils ont accès à cette frange de la topographie céleste où l’attente s’installe comme régime général. »
C’est donc d’après les chants VII et VIII du Purgatoire de Dante, dans la Divine Comédie, qu’est venue l’idée de Causerie avec Laclos.
Le texte se présente comme un poème en prose centré sur un dialogue entre Valmont et Laclos.
La dialectique entre le personnage et son auteur permet une réflexion méta-théâtrale nourrie des Liaisons dangereuses.

NULLE AUTRE VOIX

Mon premier est une histoire de femme au singulier, celle que l’on dit «hors-norme», anormale, car au lieu de donner la vie, elle a tué son mari ; c’est la «criminelle» et uniquement la criminelle aux yeux de la société. Mon second est une histoire de femmes au pluriel, celles qui ont des prénoms. Il y a Farida, l’écrivaine, élégante et talentueuse à qui tout réussit ; il y a aussi Fathia, qui fait les ménages dans l’immeuble, travaille dur pour élever seule ses nombreux enfants et qui a préféré quitter son incapable de mari. C’est aussi l’histoire des codétenues de la criminelle qui suscitent, toutes, compassion et révoltes devant leurs destins brisés par la prostitution et la violence. C’est aussi l’histoire de la mère de «l’accusée», toujours en filigrane, qui pèse sur le destin de sa fille comme un mauvais génie. Tous ces portraits ciselés avec talent par Maïssa Bey, se confondent avec celui de l’Algérie, à la fois victime et bourreau pendant une décennie d’exactions et d’actes terroristes. Les mots claquent comme des fouets, ils vont droit au but et les chapitres courts permettent de reprendre souffle dans cet univers de souffrances et de violences. L’histoire est distillée, l’émotion à son comble, le suspens maintenu jusqu’au dernier souffle du spectacle.

RUY BLAS

Don Salluste, ministre du roi d’Espagne, vient de tomber en disgrâce et d’être exilé par ordre de la jeune reine. Il jure de se venger et songe un moment à se servir dans ce but de son cousin, don César de Bazan, homme perdu de débauches ; mais celui-ci, apprenant qu’il s’agit de tendre un piège à une femme, se récrie et refuse avec fierté.

À défaut de son cousin, Salluste se servira de Ruy Blas, son laquais, ancien camarade de don César. Une conversation qu’il a écoutée entre ces deux amis lui fait surprendre un secret qui suffira pour ourdir la trame infâme qui doit perdre son ennemie, Ruy Blas vient d’avouer à don César, chose inouïe, qu’il est amoureux de la reine. Le plan de Salluste est dès lors tout tracé. Il fait quitter à Ruy Blas sa livrée, le revêt du costume de grand d’Espagne et l’introduit auprès des seigneurs de la cour sous le nom de don César dont il a châtié la hardiesse par l’exil. Le laquais, qui s’est laissé faire, s’engage en retour, par un billet, à servir son maître en toute occasion comme un bon domestique ; puis le ministre se borne, en s’éloignant, à donner au nouveau seigneur, qui ne comprend rien aux intentions de son maître, un seul ordre: plaire à la reine et s’en faire aimer.

Les voeux de Salluste ne tardent pas à se réaliser. Les circonstances favorisent la fortune de Ruy Blas ; la reine l’élève aux plus hautes dignités et en fait son ministre d’État.

Cette élévation rapide excite l’étonnement et la jalousie des conseillers du roi ; Ruy Blas les surprend en séance dans la salle du gouvernement, se partageant les revenus du royaume. Tout à coup, il s’avance et flétrit leur cupidité ; puis, songeant à la grandeur passée et à la décadence actuelle de l’Espagne, il interpelle dans un monologue célèbre Charles Quint dans sa tombe. Au moment où les conseillers foudroyés se retirent, la colère dans le coeur, une tapisserie se soulève et la reine apparaît rayonnante ; elle a tout entendu du cabinet obscur qui communique à ses appartements et elle félicite son courageux ministre. Mais pendant qu’elle s’éloigne, laissant Ruy Blas ivre d’extase et de bonheur, un homme, vêtu d’une livrée, est entré par la porte du fond et vient brusquement lui poser la main sur l’épaule ; c’est don Salluste. Après avoir rappelé à Ruy Blas ses anciennes fonctions, il lui ordonne d’aller l’attendre le lendemain dans sa petite maison avec carrosse attelé ; le ministre, qui soupçonne un piège contre la reine, se débat et refuse ; mais Salluste le menace de tout découvrir et lui rappelle la promesse qu’il lui a faite autrefois de lui obéir aveuglément. Ruy Blas, humilié, brisé d’émotion s’incline et promet.

Il songe avec accablement à son élévation et à sa chute prochaine, mais surtout aux dangers que court la reine. Pour éviter les pièges, il lui a fait dire de ne sortir du palais sous aucun prétexte ; mais le message n’a pas été rempli ; au contraire, don Salluste a fait parvenir à la reine un billet par lequel le ministre, menacé d’un grand danger, l’appelle à son secours. La reine n’hésite pas, et, au risque de se compromettre, se rend seule, de nuit, dans la maison de Ruy Blas. À sa vue, le ministre, épouvanté, la supplie de fuir ; elle s’y refuse et montre la lettre. L’odieuse trame est découverte ; le monstre qui s’était caché apparaît lui-même; sa vengeance est complète : il apprend à la reine que le ministre qui a sa confiance n’est qu’un laquais et la menace de dévoiler cette entrevue nocturne qui doit la perdre à jamais. Après un vif échange, Ruy Blas, qui s’était contenu avec peine, se précipite sur don Salluste, lui arrache son épée et la lui plonge dans le coeur ; puis, ne pouvant survivre à son déshonneur, il avale une fiole de poison et meurt sous les yeux mêmes de la reine, après avoir obtenu son pardon.

[D. Bonnefon, Les écrivains modernes de la France]

SPLENDEURS ET MISÈRES

Résumé

Nous sommes durant la Restauration au début du XIXe siècle dans une ville de Charente, Angoulême. Lucien Chardon, jeune ambitieux né de l’amour d’une aristocrate sauvée de la guillotine et d’un pharmacien rêvant de trouver le remède de la maladie des riches, la goutte. Avec sa sœur Eve et son meilleur ami David, il grandit dans cette ville de province qui rapidement devient trop petite pour ses aspirations. En effet, Lucien a des rêves de gloire littéraire, et il est persuadé que son talent doucement pourrit à Angoulême.
À 21 ans Lucien fait la rencontre de Naïs de Nègrepelisse dite Louise de Bargeton, aristocrate vivant dans la partie haute de la ville, endroit de la bonne société noble et cultivée de la Charente. Lucien lui est de l’Houmeau, quartier du bas consacré à l’artisanat et aux commerces : « En haut la noblesse et le pouvoir, en bas le commerce et l’argent ; deux zones sociales constamment ennemies en tous lieux ; aussi est-il difficile de deviner qui des deux villes hait le plus sa rivale ». Pour avoir ses entrées dans les salons et ne pas faire rougir Louise, qui devient rapidement son grand amour, Lucien abandonne le nom de Chardon pour le nom de sa mère, le nom si joli de « de Rubempré ». David a repris l’imprimerie de son père et s’est marié à Eve. Tous deux soutiennent les aventures de Lucien, et deviennent les véritables artisans de son ascension locale. Mais Lucien peine à cacher ses origines. L’entourage de Louise ne cesse de le railler, n’hésitant pas à rappeler en toute occasion le nom de Chardon, notamment quand il partage ses premiers écrits. À cause de cette souffrance et d’un malheureux fait divers, Louise et Lucien s’enfuient à Paris.
À Paris, c’est le commencement d’une véritable épopée pour « L’homme d’Angoulême ». Louise l’abandonne, il ressent alors un profond chagrin et de grandes désillusions dans cette capitale qui sans scrupule voit l’Art comme un objet. Un objet qui rapporte, qui fait de l’argent. Il affronte la ville et ses intrigues. Sa détermination et ses quelques qualités littéraires lui font accéder au statut de critique dans divers journaux de sensibilités politiques différentes. Il devient craint et navigue parmi des personnages fantasques et incroyables qui comme lui sont prêts à tout. On peut citer Lousteau, Dauriat, Nathan, Florine, la marquise d’Espard ou des âmes fortes et douces comme Coralie ou Daniel d’Arthez qui vont régulièrement lui rappeler qu’avant d’être un jouisseur et un opportuniste, il voulait être écrivain.
C’est l’histoire d’une ascension et d’une chute, une chute bien trop violente qui va voir les rêves d’enfant de Lucien mourir de la main d’une société de l’argent et du profit qui fait croire et qui tue.

*

Note d’intention

La mort de Lucien de Rubempré est le plus grand chagrin de ma vie.
Oscar Wilde

Les romans de Balzac tiennent une place particulière dans chaque bibliothèque, tant par le caractère emblématique de leurs personnages (de Rastignac à Vautrin, en passant par Esther) que par l’acuité souvent ironique avec laquelle l’auteur décrit les milieux que ces derniers traversent.
Ce monde parallèle que crée Balzac avec La Comédie humaine, c’est une sorte de double littéraire de la société de l’époque. Ce qui a pour effet d’intensifier encore sa singularité et de créer en moi une véritable excitation à me lancer dans ce travail, avec pour point de départ une toute petite partie de cette œuvre titanesque. Ma mission est d’emmener avec moi notre troupe dans l’exploration de cette montagne qu’est l’œuvre de Balzac. Les êtres de fiction deviendront chair et voix.
Notre choix est de suivre le personnage Lucien de Rubempré présent sur deux romans, Illusions perdues et Splendeurs et Misères des courtisanes. On retrouvera les rêves d’écrivain de Lucien, sa quête vaine de l’absolu, son désir de se faire un nom, son âme prête à être vendue à tous les diables qui passent dans n’importe quelle rue de Paris.
On le verra donc réaliser, à la façon d’une comète, une traversée des milieux parisiens. Cette ascension soudaine sera suivie d’une chute brutale dans cette cour où les destins se font et se défont en un claquement de doigts. Lucien ayant fait le choix d’embrasser ce monde d’ambition et de pouvoir, nous ne chercherons pas à nier sa compromission.
Cependant, il sera cerné par ses souvenirs d’Angoulême. Des images de candeur lui apparaîtront chaque fois qu’il plongera un peu plus dans les vices du monde. Des personnages puissants à incarner pour des acteurs. Je pense notamment à Coralie, actrice guerrière prête à tout pour devenir une comédienne reconnue, mais qui finira pourtant sacrifiée à Lucien de Rubempré. À Etienne Lousteau, jeune homme aux illusions tellement perdues qu’il trouvera refuge dans le monde du jeu et de l’argent. À Daniel d’Arthez, dont l’intégrité à toute épreuve semble dangereuse aux yeux de certains puissants. Tout est là, je crois, pour renvoyer une image pertinente de notre époque.
À propos d’image, cette époque de la Restauration dans laquelle nous emporterons les spectateurs a des accents étrangement familiers. Avec l’essor de la presse, le pouvoir devient de plus en plus associé à l’image. Aristocratie menacée qui veut asseoir son pouvoir, essor d’un journalisme tout-puissant qui sert divers intérêts… c’est une vraie bataille de l’image qui s’engage entre les différents partis qui aspirent au succès. Ces derniers s’affrontent entre eux à la manière des comédien(ne)s du Panorama dramatique : sur un théâtre. Or un lieu de spectacle ne peut se passer de machinerie, de « trucs » qui accélèrent la gloire ou la chute. La vie littéraire a ses coulisses, nous dit Lousteau. Les succès surpris ou mérités, voilà ce qu’applaudit le parterre ; les moyens, toujours hideux, les comparses enluminés, les claqueurs et les garçons de service, voilà ce que recèlent les coulisses.
Cette note que vous lisez, que j’écris aujourd’hui, est couchée sur un cahier dans le hall d’un hôtel à Kiev le 22 mars 2023. Ariane Mnouchkine a composé un petit groupe de quatorze personnes pour donner un stage aux actrices et acteurs ukrainiens qui résistent face à une guerre injuste. Je sens à cet instant, même si cela fait quelques semaines que mon choix de spectacle est fait, une détermination nouvelle et sans faille. Durant trois ans j’ai eu la chance d’être accueilli auprès de cette immense metteuse en scène avec laquelle j’ai beaucoup appris (une histoire racontée quelques pages plus loin) et je sens, à présent, avoir quelques armes en plus pour cette nouvelle création.
Pour finir, j’ai la chance d’avoir auprès de moi un groupe d’actrices et d’acteurs formidables qui sont aussi mes amis, mes compagnons de route, c’est ma fierté. Nous vivons l’aventure de troupe ensemble et nous allons pour la troisième fois passer du temps au travail et donner tout notre possible pour proposer un spectacle drôle, pertinent et fidèle.
Rendez-vous donc à partir du 22 février 2024 dans la grande salle du Théâtre de l’Épée de Bois pour le début de l’exploitation de ce nouveau spectacle.

Paul Platel

IL FAUT RENDRE À CÉSAIRE

D’une fâcheuse actualité, d’une brûlante urgence, écrit en 1955 dans un contexte qu’on aurait souhaité révolu aujourd’hui, ce texte lyrique et poétique, est une réflexion sur l’histoire scandée aux rythmes africains pour retrouver l’enthousiasme, la colère de Césaire, et nourrir nos débats sociétaux.
*

Extraits de Presse

La théâtralisation du « Discours… » vient surtout de l’accordage parfait entre la comédienne Djamila. Zeghbab qui clame, scande le texte et le musicien Yannick Louis dit « Yao » en parfaite harmonisation avec elle.
Evasion Mag –   A. Ravier

C’est un grand moment d’émotion. Ce spectacle force l’écoute au creux du brouhaha ambiant de notre société en perdition et fait entendre une parole qui monte au ciel comme une prière à l’Humanité.
Critique d’Art – Sylvie Chalaye

 

EXPLOSIF

EXPLOSIF raconte l’histoire d’une génération en crise, cet âge fragile qu’est l’adolescence, avec ses rêves et ses doutes, ses joies, ses histoires de cœur, ses rivalités, ses déceptions. Mais aussi l’amitié et les premières amours, les rapports de pouvoir entre camarades de classe, le harcèlement scolaire, le désir de popularité.
Élise Wilk propose une réécriture très libre, intelligente et dynamique de la célèbre tragédie grecque Les Bacchantes d’Euripide. La cité devient un lycée d’aujourd’hui où l’arrivée d’un nouvel élève, Denis, élève brillant, mais indiscipliné, provoque des turbulences et des désordres de plus en plus exacerbés. Denis est un Dionysos, c’est l’envahisseur, le libérateur, coupable idéal de la perte de l’innocence. Penthée, le roi de Thèbes, devient ici le délégué de la classe, il refuse de vouer un culte à la nouvelle idole du lycée. Agavé est maintenant la psychologue de l’école.
Élise Wilk excelle dans l’art de dépeindre la condition adolescente contemporaine. Ses personnages tentent de se débattre dans un environnement scolaire hostile, où règne la division entre bandes, l’agressivité et des relations familiales toxiques. Dans EXPLOSIF, elle ausculte avec beaucoup de finesse et de tendresse les incertitudes, les rêves et les craintes inhérentes à cet âge tout en proposant une réflexion lucide et poignante sur les effets de l’autorité, de la pression de la performance scolaire et du manque de communication dans la famille sur l’équilibre fragile des adolescents.
Entre mythe et contemporanéité, Élise Wilk tisse sa trame autour de quatre protagonistes : Penthée, fils soumis et élève modèle ; Agavé, qui de psychologue scolaire va devenir victime et matriarche agonisante sacrifiant son propre fils Penthée ; Denis, dieu contemporain révolté et idole pop-rock du lycée ; le Proviseur, peu à peu annihilé et soumis au maléfique Denis.
Personnalité dominatrice, tyrannique et explosive, Denis met en branle une mécanique infernale, manipulant ses victimes, ensorcelant camarades et professeurs. Un destin implacable conduira les personnages à leur perte. Seul Penthée tente de se soustraire à ses griffes, à son propre détriment, il deviendra de plus en plus isolé, désespéré, vulnérable jusqu’à commettre l’irréparable : le suicide.
Avec sagacité, Élise Wilk orchestre un chœur de lycéens qui vivent comme dans les films et qui ont assimilé tout un tas de représentations culturelles qu’ils ne remettent jamais en question.

*

La presse en parle

LA TERRASSE
« Explosif » crée une polyphonie originale et inventive qui lui confère une portée universelle. Une partition faite de mots et de musiques composées par Eric Slabiak qui propose une réflexion lucide et poignante sur les effets de l’autorité, de la pression de la performance scolaire et du manque de communication dans la famille
Manuel Piolat Soleymat

L’AVANT-SCÈNE THÉÂTRE
Une pièce d’une beauté saisissante qui nous prend aux tripes, car elle s’appuie sur une vérité sociale que l’on ne peut que reconnaître. Le mal de l’école, condensé aigu de toute une société. La rébellion, la manipulation, la fascination, l’effet de groupe, la solitude, le narcissisme et l’égarement des parents, tout cela est abordé sur un air de musique pop et le modèle d’une tragédie antique.

RADIO VAUCLUSE
L’avant-garde du théâtre roumain dans une mise en scène inventive, drôle et émouvante. Des interprètes talentueux au service d’une dramaturgie moderne sur le harcèlement scolaire.
Michel Flandrin

LA REVUE SCÉNARIO
Sur la scène du théâtre Le Petit Louvre, Explosif, spectacle d’après un texte d’Elise Wilk, part lui aussi d’une histoire sur l’adolescence dans un lycée d’aujourd’hui, et on pourrait invoquer ici aussi le thème général du harcèlement, un sujet souvent évoqué aujourd’hui, phénomène insidieux et amplifié par les réseaux sociaux. … Le spectacle signé par Lisa Wurmser, qui a découvert la pièce grâce au réseau Eurodram, a du rythme, de la couleur et toute l’énergie captivante d’une jeune équipe, avec plusieurs comédiens, qui savent tous jouer, chanter et danser… Explosif reste vraiment une parenthèse de lumière et de grâce, malgré ses moments plus durs, de drame ou de lucidité, dans ce festival qui a un certain goût pour la sinistrose. Joué dans une salle non loin de la Place de l’Horloge et du Palais des Papes, le Petit Louvre, le spectacle a réuni un public nombreux, attentif et réceptif… Une explosion de théâtre jeunesse pleine de promesses.
Mireille Patureau

TO SEE OR NOT TO SEE
Des comédiens formidables, un très beau texte sur la jeunesse, une mise en scène mêlant théâtre et chant…. C’est beau, drôle, émouvant, profond.
A ne pas rater.
A.L

UNE SAISON DE MACHETTES

Ils sont dix.

Dix copains rwandais, hutus, copains de classe, de matchs de foot, de travaux des champs. En trois mois, d’Avril à Juin 1994, ils ont massacré à la machette, « sans rien penser », tout ce que leur bourgade et les collines voisines comptaient de tutsis, près de cinquante mille, hommes, femmes, enfants, leurs « avoisinants », avec qui ils avaient aussi partagé bancs de classe, bancs d’église, soirées arrosées et matchs de foot.

Jean Hatzfeld les a rencontrés dans la prison où ils purgeaient leurs peines (A ce jour, tous, sauf un, ont retrouvé la liberté, leur village, et ceux qu’ils n’avaient pas eu le temps de tuer) : ils ont raconté calmement, placidement, d’une voix posée, presque neutre.

Paroles sans précédent, si l’on se réfère aux autres grands génocides du siècle (même si l’on pense, ici, au journal tenu par Rudolf Höss, le Commandant d’Auschwitz, ou, là, au film de Rithy Panh, S 21). Paroles littéralement sidérantes, au moins autant par la forme qu’elles prennent que par leur contenu, qui posent les questions essentielles sur l’homme, et ce qu’on a appelé, il y a moins d’un siècle « la banalité du mal », mais aussi sur les mécanismes – idéologiques, collectifs et individuels- qui en autorisent l’épanouissement. En 1995, j’ai mis en scène des Conversations avec Primo Levi, qui posaient déjà les mêmes questions, à propos d’Auschwitz. Un spectacle qui, vingt-huit ans plus tard, poursuit son chemin, dans toute la France. Ce travail en est le second volet. Le livre de Jean Hatzfeld alterne les paroles des « coupeurs », le regard aigu, bouleversant, de quelques rescapés – leurs « avoisinants »-, en majorité des femmes, et les réflexions, les mises en perspective de l’auteur. Tout y est passionnant. Le choix des textes, inévitable, s’est entièrement resserré autour des récits des cultivateurs, dans la volonté d’une confrontation nue, directe avec chaque spectateur. Pour que chacun, en toute liberté, se construise son jugement, ses interrogations. De Jean Hatzfeld, on a seulement conservé, en guise d’ouverture, les premières pages, et quelques interventions, comme autant de respirations nécessaires.

Difficile de parler de « spectacle ». Il s’agit plutôt d’une mise en voix collective, d’une « livraison » de récits : un choeur tragique du siècle – le tragique trouvant ici une dimension supplémentaire dans le décalage entre l’acte et la manière de le dire, un décalage tel qu’il frôle parfois, même s’il est difficile de le reconnaître, le burlesque. Tout le travail, ici, consiste à tenter de faire entendre ce décalage, dans la recherche de la transmission la plus juste, loin de toute réduction, ethnique ou psychologique. Quatre comédiens, une contrebasse, un mur et quelques lumières. Le mot, ici, est l’essentiel, et il s’agit, dans le temps et l’espace resserrés de la représentation, d’en dilater le sens, au maximum. Sans pathos ni métaphore. Primo Levi : « L’horreur est. Il vaut mieux laisser les choses se raconter d’elles-mêmes. »

Il ne s’agit pas de désespérer l’auditoire -à quoi bon ? – mais d’essayer de comprendre. Parce que ce qui interroge le plus, finalement, dans ces paroles, c’est leur insupportable proximité.

Dominique Lurcel

*

LE MONDE LIBERTAIRE
par Evelyne Trân
« LE BRIGADIER FACE À L’HORREUR »

Le 7 avril dernier a eu lieu la journée internationale de réflexion sur le génocide des Tutsi au Rwanda, il y a 30 ans en 1994.
Pour mémoire entre avril et juillet 1994, 800.000 à 1.000.000 Tutsi ont été massacrés par les extrémistes Hutu. L’élément déclencheur, l’assassinat du président rwandais le 6 avril 1994, provoqua un déchainement de violence aveugle, alimenté depuis des décennies (les 1er massacres datant de 1959) contre l’ethnie Tutsi désignée comme race inférieure.

Les récits d’une dizaine de tueurs recueillis par Jean HATZFEL dans «Une saison de machettes » fait l’objet d’un spectacle en ce moment à L’Epée de Bois

Comment faire un spectacle d’un évènement atroce, le massacre de Tutsi dans l’indifférence internationale, à fortiori lorsqu’il s’agit de donner la parole aux bourreaux ?
Le metteur en scène Dominique LURCEL semble avoir trouvé la bonne distance pour rendre audible l’horreur par la voix même de ceux qui y ont participé.
Exit le sensationnel. Comme le souligne le metteur en scène, il y a un décalage entre l’acte et le dire. Les auditeurs plus que spectateurs dans la belle salle en pierre de L’épée de Bois, s’ils ne peuvent se représenter la réalité des massacres par l’image, peuvent être choqués par la crudité des récits où l’émotion ne passe plus, laissant la place à une sorte de ligne blanche comme si les tueurs ligotés par l’énormité de leurs actes avaient déposé leur conscience et ne pouvaient se regarder en face.
Ce que l’on comprend, c’est que la plupart ont massacré des Tutsi qui étaient auparavant leurs voisins comme s’ils étaient des animaux sauvages, et pour leur défense, déclarent avoir été enrôlés et avoir obéi à des ordres.
Suffit-il d’appuyer sur un bouton (on pense au bouton d’une radio) pour enclencher un mouvement de masse d’une population contre une autre ? Suffit-il qu’un gouvernement décrète que les Juifs doivent porter l’étoile jaune pour qu’en tant que citoyen l’on puisse s’éprouver complice par son silence de la Shoah ?
Il semble bien que les bourreaux étaient également victimes car ils ont été manipulés par des discours racistes si bien incrustés dans leurs cervelles que « les braves cultivateurs ou instituteurs » qu’il étaient se sont transformés en tueurs.

En savoir plus

LE CIMETIÈRE DES VOITURES

C’est le récit de la journée d’un hôtel, dont les chambres seraient remplacées par des carcasses de voitures rouillées… Où les personnages seraient chargés d’incarner les serviteurs, les puissants, les servis, les soumis, les artistes. Dans un monde où les femmes auraient presque toutes disparues et où la musique est interdite, une poignée d’individus survit dans un cimetière de voitures. Ils sont tous sur[1]veillés ou recherchés par une sorte de milice dont on ignore l’origine, et particulièrement l’un d’eux : Émanou, un musicien qui organise des concerts clandestins.

Mis en scène pour la première fois en France en 1966, et interdit  jusqu’en 1977, Le Cimetière des Voitures, a finalement été mis en scène en espagnol pour la première à la mort de Franco.
Le Cimetière des Voitures de Fernando Arrabal n’est pas à proprement une œuvre de théâtre au sens traditionnel mais plutôt un terrain de jeu, un champ d’investigation formidable pour le metteur en scène et les acteurs, parce qu’il propose moins un discours dramatique cohérent que des visions, une atmosphère et la possibilité d’une extrême théâtralité.

LE MISANTHROPE

En écrivant Le Misanthrope, Molière s’était lancé un défi ; il voulait réussir à représenter un homme entier, solitaire, totalement sincère, sans compromis et le confronter à une société contemporaine superficielle pleine de faux-semblants, aveugle et hypocrite, en besoin perpétuel de reconnaissance et incapable de donner un sens profond à son existence. Avec un Alceste amoureux, passionné, perdu, désespéré, sans repère, l’auteur cherche un chemin possible de salut pour l’homme. Faut-il partir vivre dans un désert, loin des hommes ou bien simplement se frayer un chemin entre ses frères et choisir un juste équilibre comme Philinte et Eliante ? Certes, il condamne Célimène à la fin mais ne nous donne pas de réponse. La vérité est-elle bonne à dire ? Quel pouvoir lui donner ? Que peut-on faire face à elle ? Et que peut notre homme face à nos travers, face à nos vices, face à l’amour et à la passion ? Molière cherchera toute sa vie, comme notre Alceste, « une » vérité dans un monde, son monde, condamné et broyé par le doute. Au contact de notre héros « donquichottesque » toute personne se heurte, se révèle comme face à un miroir brut qui ne mentira et ne trichera jamais : la vérité provoque et réveille l’autre, le fait sortir de lui même, de sa « zone de confort ». A la fin, malheureusement, le résultat est catastrophique : sans masque et en quelque sorte sans mensonge social, l’homme est une fatalité pour l’homme… et finalement ne peut aimer son prochain. Molière nous oblige à réfléchir sur l’art complexe du compromis afin de pouvoir vivre sereinement ensemble, en société et surtout avec l’être aimé, qui, comme Molière nous l’apprend, peut être notre contraire : Alceste est l’opposé de Célimène. Elle est tout ce qu’il déteste mais il l’aime passionnément.
Cette œuvre immense est à l’image de mon théâtre rêvé, fantasmé : un théâtre d’incarnation qui tend un miroir grossissant, tranchant, sans artifice au spectateur, à l’être humain. Par cette grande histoire et notre interprétation incarnée des personnages, je souhaite que le spectateur sorte de la salle ébranlé par ce qu’il a vu : une vision sans compromis de son époque.
Œuvre magistrale, pièce admirablement composée, à l’équilibre parfait entre comédie et tragédie, riche en rebondissements. Le Misanthrope n’a pas pris une ride et 400 ans après, est toujours à l’image du monde d’aujourd’hui. Manifeste social, politique et rêve de l’auteur, cette œuvre est et restera une pièce qui illumine ma vie de comédien et de metteur en scène, l’histoire d’un homme tendu vers la vérité et l’amour sincère mais harcelé par l’hypocrisie ambiante. Pour Molière le constat est amer : la bonté et l’amour ne sauveront jamais le monde et la vérité encore moins… Ne serait-ce pas lui le misanthrope ?

Thomas Le Douarec

*

La presse en parle

« Le Misanthrope 2.0 fait le buzz… La mise en scène de Thomas le Douarec donne à son « Misanthrope » une dimension contemporaine, avec une troupe à la fougue enivrante… Tout le monde en parle, tout le monde veut le voir… les standings ovations s’y enchaînent… Une modernité des plus pertinentes… Un spectacle intelligent et d’une grande beauté. »
FRANCE INFO CULTURE. Jacky Bornet

« Notre coup de coeur… Après l’Idiot et le Portrait de Dorian Gray, Thomas le Douarec réitère l’exploit de revisiter le Misanthrope… Une vraie performance. »
LA PROVENCE. Jacques Charmasson

« Portée par 8 comédiens justes, talentueux et pleins d’énergie, cette pièce revisitée, entre rire et émotion est d’une étonnante modernité… Merci à Thomas le Douarec pour ce Misanthrope du XXIème siècle. »
LE VAUCLUSE – LE DAUPHINE LIBERE. Dominique Parry

« Rock, Glamour, connecté et rageur… Tout nous a séduit… Jean- Charles Chagachbanian est excellent… Le Misanthrope 2.0 endiablé…Bravo ! »
L’OEIL D’OLIVIER. Marie Céline Nivière.

« La Mise en scène de Thomas le Douarec est formidable aussi comique qu’atrabilaire, standing ovation… Les comédiens sont absolument formidables… On rit sans pause. »
TOUTE LA CULTURE.COM

« En cette année des 400 ans de Molière, Le Douarec (Le Portrait de Dorian Gray, L’Idiot…) revient en force ! (…) Un immense merci à l’ensemble des 8 comédiens pour ces deux heures inoubliables. »
SELECTION SORTIES

« Une transposition brillante et moderne qui fonctionne parfaitement avec le texte de Molière »
FRANCE 3

« Une pièce remarquable, admirablement bien servie qui va faire parler d’elle… Jean Charles Chagachbanian illumine la scène. Une vision moderne, décalée, déjantée et sans scrupule mais si drôle. … Une belle claque aux classiques. »
REGARTS. Fanny Inesta

« Si vous avez des adolescents, vous devez absolument les emmener voir ce Misanthrope. Molière aurait pu l’écrire hier. »
LES NOCTAMBULES D’AVIGNON. Vincent Pasquinelli.

LES LIAISONS DANGEREUSES

La marquise de Merteuil est très prisée. Elle est à la fois éminence grise et confidente. Il s’avère que, dans la coulisse, sa petite société a d’autres buts que seulement recevoir le grand monde. En effet, par un jeu de lettres, la marquise s’apprête à déshonorer sa pupille, Cécile de Volanges, grâce à son allié de toujours, le vicomte de Valmont. Le pacte passé entre les deux est scellé par le libertinage : en échange de la vertu de sa pupille, Merteuil promet de se donner à nouveau à son ancien amant.
Le plan de la prédatrice aurait pu réussir si la présidente de Tourvel n’était pas entrée dans l’équation. En effet, cette dernière, mue par la passion religieuse et des principes stricts, se refuse à la conquête ordonnée par Merteuil. Valmont, athée au dernier degré, va sentir basculer un point de son être : Tourvel lui fera prendre conscience de sa vacuité et l’éveillera à autre chose que le donjuanisme. De fait, Merteuil sera confrontée à la victoire du sentiment sur son instinct dominateur. Bien qu’elle soit quand même payée en retour par l’élimination de Cécile de Volanges, son ancien amant périra par le fer.
À force de vouloir « venger son sexe », elle ne sera plus maitresse du jeu, et son pouvoir passé la contraindra à être répudiée par toute la cour.

*

La presse en parle

« Le dramaturge et metteur en scène, se servant des nombreuses thématiques présentes dans le roman, met en abyme le jeu des relations humaines, toujours aussi présentes aujourd’hui, où, par exemple, au moment où l’emprise manifeste qu’exerce la marquise de Merteuil sur les êtres qui l’entourent s’effrite et disparaît, seul l’orgueil qui la définit intrinsèquement lui permet de faire face. Beau travail d’écriture et belles incarnations à découvrir sur scène ! »
Fabrice Brunaud, Directeur du conservatoire à rayonnement régional de Rueil Malmaison