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ATELIER D’ÉCRITURE

ATELIER D’ ÉCRITURE

Présentation /Programme /Prix

A qui s’adresse-t-il ?
A tous ceux et celles qui ont envie d’écrire et qui ne savent pas comment s’y prendre, comment commencer. Et aussi à ceux et celles qui écrivent déjà et qui parfois éprouvent l’angoisse de la « page blanche » et se trouvent en panne d’inspiration .

Il ne s’agira pas d’explorer un genre d’écriture spécifique (par exemple le théâtre), mais d’aborder le fait d’écrire avec exigence et sans angoisse, de façon ludique, au moyen de quelques exercices littéraires, du corps en mouvement dans l’espace, de quelques outils techniques.

« Tout bouge », disait Jacques Lecoq, mon maître, fondateur et pédagogue de son École Internationale de Théâtre et Mouvement. L’atelier s’inspire de son enseignement : l’univers bouge, nous bougeons, la vie est mouvement. L’inspiration est nécessaire mais pas suffisante.

Et quelles sont les sources de l’inspiration ?

Au cours de ces deux journées bien remplies, je propose d’en explorer trois :

      L’observation de ce qui nous entoure (le quotidien, l’espace, les objets…)

      Le monde (la société)

      Le rêve (moi, mon imaginaire, la force de l’inconscient)

Tout en observant trois principes de base qui peuvent aider à développer sa singularité, son écriture personnelle :

      L’inattendu

      Le concret

      L’efficace

Les séances se composent d’un va-et-vient entre la table d’écriture et l’espace où  bouger.

Il ne s’agira pas d’un « échauffement corporel », mais d’une manière de pratiquer et d’observer des dynamiques  des corps dans l’espace au service de l’écriture. Le corps en mouvement ouvre un champ poétique inattendu. On n’écrit pas uniquement avec sa tête, mais bien avec l’engagement de tout son corps, de tout son être : corps, cerveau, émotions.

A la table je proposerai des exercices littéraires variés et ludiques, sorte d’entraînement avant que chacun écrive un texte (ou plusieurs) de son choix.

Dans quel but ?
Celui de trouver du plaisir dans le fait d’écrire, en connaissance de nos possibilités et dans le partage de quelques outils techniques nécessaires au développement d’une écriture singulière, exigeante et imaginative.

*

Programme

Dans ces deux jours le travail sera intense, sollicitant le corps et la tête.  Je proposerai :

1- Des exercices dans l’espace, en mouvement, parfois tous ensemble, parfois en alternance : certains bougent et d’autres écrivent à partir de ce qu’ils observent.

2 – Des exercices littéraires variés et ludiques, tels que  :
Les listes (chères à Georges Perec)
Des récits à décliner  en plusieurs modes (dramatique, comique, interrogatif, ironique, étonné, etc)
Des portraits
Des descriptions à partir de l’observation attentive
Des textes  qui font parler des parties du corps
De courts monologues
Des dialogues, s’inspirant parfois des mouvements impliquant deux personnes

3- Un temps pendant le matin et l’après-midi de chaque jour sera consacré à l’écriture personnelle. Chaque participant écrira un texte sur un thème de son choix, qu’il partagera en lecture avec les autres. On commentera ensuite, en tenant compte des préceptes énoncés dans l’atelier (l’inattendu, le concret, l’efficace). On pourra le retravailler en vue de le rendre plus pertinent, singulier, intéressant. En un mot, l’améliorer si nécessaire.

Nous pourrons si l’on veut,  garder un petit temps  le dimanche en fin d’après-midi pour des questions, commentaires et retours à propos de l’atelier.

LA TOUR DE LA DÉFENSE

Un des principaux aspects de l’écriture de Copi, et notamment de La tour de La Défense, c’est cette manière qu’elle a d’en faire trop, de dépasser toutes les bornes, de pousser dans leurs retranchements les acteurs et les limites de la machine théâtrale.

Dans la pièce, les évènements se succèdent, et tous sont plus fous les uns que les autres : un serpent remonte les canalisations, une mouette rentre par la baie vitrée, un hélicoptère s’écrase sur la tour d’en face… l’écriture semble toujours vouloir en rajouter une couche, elle déborde d’idées. Pourtant, on y lit quelque chose de mélancolique ; comme si elle s’acharnait en vain, tentait par tous les moyens de rendre sa force à une vie qui, depuis longtemps, a perdu toute sa consistance.

Les personnages, par leurs réactions, racontent ce rapport étrange aux évènements, traversés avec une intensité sincère, mais ne laissant aucune trace, comme oubliés aussitôt après avoir été vécus. Pendant la quasi-totalité de la pièce, aucun de Jean, Luc, Micheline, Daphnée ou Ahmed n’est véritablement marqué par ce qu’il vient de traverser ; tous semblent guidés par leurs seuls instincts, dans une naïveté qui n’est pas sans rappeler celle de l’enfance, comme un grand jeu auquel ils seraient en train de prendre part, et dans lequel ils passeraient indifféremment d’un état à un autre.

Côté public on s’amuse, mais à peine a-t-on le temps de rire qu’un autre événement survient, et puis un autre, puis encore un, et qu’on se retrouve alors, peu à peu, plongé dans cet état étrange, à mi-chemin entre l’ivresse et l’asphyxie, si caractéristique de l’univers de Copi.

Lewis Janier-Dubry

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BILLET DE BLOG 30 AVRIL 2024
Joël Cramesnil
CONSTANT REGARD, blog au Club de Mediapart

« La Tour de la Défense » de Copi, ou le Septième ciel avec la Compagnie du Sixième Mur

Le Sixième Mur est une jeune compagnie autoproduisant ses spectacles. Pour sa seconde création elle a choisi « La Tour de la Défense » de Copi, une pièce de 1981, dont elle nous offre une version inventive, précise et tonique. Bienvenue dans cette nuit fantasque de la Saint-Sylvestre, avec au menu : LSD, saucisson, boa et crash d’hélicoptère… Pièce jouée au Théâtre de l’Épée de Bois (Cartoucherie).
Si vous aimez le théâtre, la bonne humeur, les jeunes talents et le printemps : filez au Théâtre de l’Épée de Bois (Cartoucherie, Paris 12e) pour y découvrir « La Tour de la Défense » de Copi par la Compagnie du Sixième Mur. Il ne reste déjà plus que dix représentations jusqu’au 12 mai, du jeudi au dimanche, dont deux fois les samedis : ne vous privez surtout pas de ce petit bonheur !
Quelle place occupe Copi dans le répertoire théâtral français ?
Copi fait partie de ces artistes iconoclastes ayant contribué au renouveau théâtral français de la seconde moitié du XXe siècle, un peu à la manière d’une comète, ou plutôt d’une étoile filante.
Copi (1939-1997) est un dessinateur, acteur, dramaturge et romancier d’origine argentine. Il est élevé en Uruguay au sein d’une famille parfaitement francophone et par ailleurs anti-péroniste. Les activités politiques de son père obligent sa famille à s’exiler, d’abord à Haïti puis aux USA. A l’âge de vingt-quatre ans, Copi décide de venir vivre à Paris.
En savoir plus

LE JOURNAL INTIME D’ADAM ET ÈVE

« le journal intime d’Adam et Eve » est une pièce drôle, belle et émouvante qui nous livre une réflexion cocasse et profonde sur les rapports hommes-femmes, chacun d’eux s’interrogeant sur l’autre et sur le but de leur vie. C’est l’œuvre unique en son genre puisqu’il s’agit de l’adaptation pour le théâtre de trois ouvrages de Mark Twain. Nous assistons à la première histoire d’amour de l’humanité avec ses joies, ses doutes et ses difficultés. L’occasion de découvrir que peu de choses ont changé depuis cette première expérience. La pièce de Mark Twain déborde d’esprit mais aussi d’émotion en allant du premier amour à la première perte. Cette adaptation de ce conte philosophique et contemporain n’avait jamais été adapté en langue française. C’est désormais chose faite !

 

LA PRESSE EN PARLE

France Info Culture
« A découvrir »

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Sortir à Paris
« Un vrai petit bijou »

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RegArts
« une des meilleures pièces du Festival Off 2022 »

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Froggy’s Delight
« un épatant duo de comédiens »

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Ce soir, c’est théâtre
« À ne pas Manquer »

Primée par le Club de La Presse du Grand Avignon et du Vaucluse

Coup de cœur de Théâtre et Spectacle de Paris, et de La Provence

 

L’HOMME ET SON PANTALON

L’Homme et son pantalon : un homme d’âge moyen, solitaire, doit réparer un accroc fait à son pantalon. Cette humble besogne suscite dans sa mémoire des souvenirs d’enfance et surtout ceux de sa mère. Dans la cour voisine, des femmes bavardent et bercent un enfant. Dans sa solitude pitoyable, l’homme s’invente de l’amour pour l’une d’entre elles…Revenu à la réalité, il n’a pour interlocuteurs que ses meubles et un chat…
Bien que considérée comme un « seul en scène », la pièce est plus qu’un monologue. Elle s’ouvre sur le monde réel (les voisines, un chat) mais surtout sur le monde intérieur du protagoniste, sur ses souvenirs d’enfance, ses fantasmes amoureux, le souvenir de sa mère, sa profonde solitude… C’est une véritable performance qu’accomplit l’acteur, livré à ce texte bouleversant, dont l’humanité et l’universalité restent intactes, après plus de cinquante années

ANDROMAQUE

Le désir pour ce spectacle est de proposer une version pleine de fougue dans un monde désolé aux allures post-apocalyptiques. Nous attachons une attention toute particulière à restituer cette énergie débordante propre à la jeunesse, à mettre en avant l’aspect organique des passions amoureuses qui traversent ces personnages. C’est un défi majeur que nous relevons compte tenu de l’écriture en alexandrins dont nous souhaitons préserver toute la poésie mais dont la prosodie appelle une mise en scène habituellement plus posée.

Notre choix est de nous laisser porter avant tout par la beauté brutale du désir amoureux qui transparait dans cette écriture d’une poésie rare, livrée par un Racine de 28 ans dont le talent parcourt les méandres de la psyché amoureuse avec une modernité et une vérité qui nous laissent éblouis.

C’est par cette sève universelle que les personnages seront embarqués dans une course endiablée où le vertige des émotions va les conduire irrémédiablement à leur perte. Chacun ne manquera pas de se reconnaitre dans leur parcours amoureux, tant leur histoire traverse le temps sans prendre un ride.

PORTRAIT D’UNE FEMME

Un fait divers qui avait frappé les esprits au début des années 50 : la jeune Pauline Dubuisson, jugée et condamnée pour le meurtre de son amant sans que quiconque – et surtout pas l’appareil judiciaire, ne parvienne à décider d’un mobile réellement satisfaisant.

Michel Vinaver, comme il le fera tout au long de sa vie quand il s’intéresse à une « affaire », prélève et collecte dans la presse quotidienne ce qui s’y rapporte. Ici, les compte-rendus du procès dans le journal Le Monde.

En 1953, année du procès de Pauline Dubuisson, Vinaver est au commencement de sa carrière d’auteur, il a publié deux romans : Lataume et L’Objecteur, chez Gallimard sous l’impulsion d’Albert Camus. Il n’est pas encore devenu un « écrivain de théâtre » (ce sont ses mots), il le deviendra avec Les Coréens en 1956. Mais ce n’est que 30 ans plus tard qu’il écrira Portrait d’une femme.

Pourquoi 30 ans?

Pour que la lumière crûe du présent immédiat se nuance et se diffuse dans un tableau devenu mémoire, et pour que la réalité des paroles d’un procès scrupuleusement reproduites dégage un parfum d’étrangeté mieux capable de restituer le drame silencieux qui se jouait alors? 30 ans après les faits, le moment était venu pour Vinaver, habitué pourtant à traiter ses sujets immédiatement « à chaud », de renouer avec cette histoire qui, il l’a reconnu plus tard, avait sans doute été pour lui la matrice de nombreuses autres. L’ombre amicale d’Albert Camus a sans doute accompagné ce retour, et avec lui le personnage de l’Etranger, cousin de celui de Sophie alias Pauline D.

Ma rencontre avec Michel Vinaver a eu lieu en 2004 à l’occasion d’un atelier qu’il dirigeait. Esquisses devenues ensuite spectacles, longtemps joués : autour de lui le groupe hétéroclite de 20 actrices et acteurs était rapidement devenu un chœur, et avait pu donner à voir et à entendre avec une heureuse limpidité les deux pièces très complexes que sont À la renverse et Iphigénie Hôtel.

Par la suite j’ai moi-même porté à la scène La Visite du chancelier autrichien en Suisse, texte-intervention dans lequel Vinaver s’expose publiquement, dit son irréductible refus face au péril de l’extrême-droite arrivant au pouvoir : explication en forme d’autoportrait et portrait d’une Europe aux prises avec ses démons.

Il y a un an, en avril 2022, ayant fait la connaissance d’un groupe de 11 élèves comédiens du Studio de formation théâtrale de Vitry, j’ai mis en scène avec eux Portrait d’une femme. Un chœur, donc. Et l’évidence de la jeunesse. Il fallait la grâce des commencements pour laisser paraître et s’épanouir la subtile lumière difractée de ce poème qui, par la rigueur de la polyphonie et les secousses du montage parvient à dessiner le portrait que le procès, 30 ans plus tôt, avait échoué à faire : celui plein d’énigme d’une femme – et d’une France – sous l’Occupation.

Comme une mémoire vive retourne au lieu du traumatisme. À l’origine.

À l’origine il y a la France de l’après-guerre, qui juge une femme, dont l’adolescence dans la guerre a fait qu’elle ne peut pas ne pas être coupable. N’en disons pas plus : ce serait risquer de trahir la nature de la pièce, qui ne fait pas le procès du procès mais donne une seconde vie à l’événement, et ressuscite avec lui la femme qui en est le cœur. Une femme en France en 1953. Son exigeante et fragile liberté.

Pas de « décor ». Le texte, son titre nous l’indique, est une peinture. Et la mémoire comme le rêve joue, et se joue des lieux et des époques : il faut lui laisser le champ libre.

Rien qui arrête le flux. Et que les mots qui voulaient juger reprennent place, avec l’ironie de l’allégresse, dans le mouvement de la vie.

Pas d’autre musique, non plus, que celle des mots, des gestes et des pas.

Dans notre temps troublé et rendu plus indéchiffrable encore par le bruit assourdissant des fausses certitudes, puisse la parole exacte et paradoxale de ce poète des temps modernes nous éclairer et nous surprendre.

Quelques jours avant sa mort, Michel Vinaver avait assisté à une présentation de ce travail, il l’avait aimé, il avait souhaité qu’il puisse être vu encore.

Nous continuons…

Journal d’Armelle Héliot

« Il faudrait avoir le temps d’analyser ici dans la précision, ce travail remarquable. C’est une mise en scène fluide et vive, une direction d’acteurs très précise. […] Il est rare de pouvoir applaudir un ensemble si convaincant. Mais avouons que, pour anonymes soient-ils, on aimerait saluer chacun des onze, avec des mots précis. » Lire la suite

Armelle Héliot

Friction

Matthieu Marie agence avec ses onze interprètes dans un travail choral de toute beauté ; c’est effectivement – par-delà même du fait divers à travers les minutes du procès, notamment celles parues à l’époque dans Le Monde – le portrait en éclats d’une femme qui surgit avec une belle fluidité et que portent avec cohérence, rigueur et conviction les onze comédiens” Lire la suite

Jean-Pierre Han

Théâtre du Blog

“Rien n’arrête le flux des séquences qui passent rapidement d’un lieu à l’autre et enjambent les époques. Les mots sont précis, les prises de paroles brèves et ce groupe de jeunes comédiens interprète ce texte d’un rythme nerveux, sans décor, avec quelques accessoires pour changer de personnage.” Lire la suite

Mireille Davidovici

LE DROIT DE VIVRE

En tant que fondateur du blog France-chili.com je ne voulais pas rester sans apporter ma contribution à la commémoration des 50 ans du coup d’État contre le président Salvador Allende le 11 septembre 1973 à Santiago du Chili.
Il m’a semblé qu’une belle manière de partager avec les lecteurs du blog, était d’organiser un concert de musique en “live”.

Le concert “Le droit de vivre” vous proposera l’adaptation et l’interprétation des œuvres les plus célèbres de l’auteur- compositeur-interprète Chilien Víctor Jara à la guitare classique, ainsi que d’autres pièces instrumentales basées sur des rythmes folkloriques chiliens.

Carlos Cid est Chilien et vit depuis quelques années à Madrid. Il a une longue trajectoire musicale et je suis sûr que vous allez aimer sa manière d’interpréter la musique de Victor Jara.

Ce spectacle aura lieu au Théâtre de l’Épée de Bois à la Cartoucherie (Vincennes) un lieu oú depuis longtemps la solidarité et l’amitié franco-chilienne ont pris place.

Je vous remercie de votre confiance et je vous invite à partager ensemble ce 11 septembre 2023, pour manifester votre attachement à la mémoire vive du Chili, autour de la musique de Victor Jara.

Amicalement,
Jorge Orellana Benado

BARTLEBY LE SCRIBE

« Je préfèrerais pas… » dit un jour l’employé modèle.

Et du jour au lendemain, c’est toute la machine qui s’enraye, comme si un petit grain de sable en grippait les rouages.

« Je préfèrerais pas… » dit un jour Bartleby, … et c’est l’éternelle injonction à vivre qui est remise en cause.

Bartleby le Scribe parle de l’altérité, la différence, le refus, l’acceptation, l’incompréhension, la compassion.

Je suis toujours frappé, à l’issue d’une représentation, des interprétations toujours si différentes, qu’il inspire au public. Les uns citent Deleuze, les autres parlent d’autisme, de lutte contre le système, de révolution…

Si nous pensons que chacun est libre de son interprétation, nous avons voulu voir avant tout la rencontre de deux esprits que tout devrait opposer et qui pourtant se cherchent tout au long de la pièce. Oui, l’histoire de ce scribe énigmatique s’achèvera dramatiquement, mais elle aura fait grandir ce personnage du Notaire par qui l’histoire nous est contée.

Je ne sais pas vraiment, au fond, de quoi parle Bartleby le Scribe. Mais je sais ce qu’il provoque en moi : l’émotion et le désir d’aller vers l’autre.

Tout ce que je cherche au théâtre. »

Pierre Imbert
juillet 2023.

EN SCÈNE MONSIEUR GUITRY

« Le succès a été constant pour Sacha Guitry, durant vingt ans, le rendant insupportable aux critiques jaloux, qui lui reprochaient sa prétention, sa mégalomanie, sa misogynie… entre autres.
Mais l’artiste est plus complexe que cela. Notre intention, pour cette création, est de découvrir qui était l’homme. Seul en scène, dans un décor épuré, nous entendons les réflexions de Sacha Guitry, ses passions, ses colères, ses envies…
Au cinéma, on lui reproche de dévoiler les dessous du tournage ? Soit. Pour lui rendre hommage, grâce à une documentation fournie, nous proposons ici de dévoiler les dessous de sa vie privée, en passant une journée dans son intérieur, dans l’intimité de son quotidien.
Afin de révéler la complexité d’un artiste en réalité méconnu, ses contradictions, sa vision du monde, sa philosophie de vie et… son humour. »

Pierre Blain

CŒUR SANS ÉCHO

A travers la présence d’une figure oscillant entre le matador (figure emblématique du jeu avec la mort, celui qui la frôle, la provoque) et un pierrot lunaire (allégorie de la poésie et du sourire /rire du clown blanc, nécessaires pour rendre supportables les douleurs de nos vies), une transformation du costume tout au long du voyage poétique, une cape rouge, une chaise et un prie-Dieu, grâce aussi à la musique Flamenco, des figures graphiques et des images en mouvement qui évolueront et feront entendre ou voir des textes en espagnol et / ou en français, je dirai les poèmes: Murió al amanecer / Il mourut à l’aube; El niño loco / L’enfant fou; Soneto/ Sonnet; Romance sonámbulo / romance somnambule; Muerto de Amor / Mort d’Amour ; Soledad / Solitude; Casidas de las Palomas Oscuras / Casida des colombes obscures; Llanto por Ignacio Sanchez Mejias (I- La cogida y la muerte, Il- La sangre derramada, III- Cuerpo presente, IV- Alma ausente) / Champs funèbres pour Ignacio Sanchez Mejias (I- La blessure et la mort, Il- Le sang répandu, III- Corps présent, IV- Âme absente); Soneto / Sonnet de la douce plainte; « Gacela » de la mort obscure et Panorama aveugle de New York.

Tous ces poèmes conduisent à réaliser la violence du monde, de la trahison et des dures sanctions implacables de la vie mais avec une déroutante intensité de couleurs et d’émotions comme une immense ironie.“Ces cris sans détours. Ces tremblements de pudeur, de crève-cœur et d’angoisse, c’est l’eau fraîche et noire de la Peine andalouse dont parle Lorca et qu’il a recueillie très tôt, à la source pour nous la partager”, comme l’écrit le traducteur Yves Véquaud dans “La peine de vivre”
Même si Lorca part de l’univers des gitans, célébrant ainsi les pasteurs, les nomades qui jouissent de l’instant et qui profitent des dons de la terre, il parle aussi bien à ceux qui sont plus proches de Caïn que d’Abel car en tout homme se cache une danse permanente avec la mort comme pour le Torero Sanchez Mejias et parce que ses poèmes “conservent la braise, le sang et l’alphabet de la vérité andalouse et universelle”, comme l’a écrit un journaliste.

En effet, Lorca utilise “des mots simples” en “un certain ordre assemblés” pour décrire, décrypter, traduire ou évoquer le grand mystère de la vie, la joie et la souffrance des hommes, tous différents, tous pareils, et qui s’appellent tous Adam. Son vocabulaire est semblable à celui des Paraboles : le jour, la nuit, le soleil, la lune, l’ombre et la lumière, l’amour et la mort, le marbre ou l’olivier. Et puis l’oeillet qui est son lys des champs. Des mots dont le lecteur connaît bien la musique. Comme ajoute le poète Jorge Guillen, “sa clarté est envahissante.” Lorca, même s’il prend des libertés, rend souvent hommage au peuple de Grenade et inscrit souvent sa poésie dans une tradition poétique et musicale andalouse : un retour aux sources et à la présence arabe, gitane et juive. Un « romancero » (genre appartenant à la tradition poétique espagnole) est consacré aux gitans, comme pour réconcilier les deux mondes. Avec toutes les formes se référant au « Cante », la musique et le chant deviennent deux éléments constitutifs du poème lorquien.