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LES INNOCENTS

17 février 1905 à Paris. Maurice Paléologue, collaborateur de Delcassé au ministère des Affaires Étrangères, écrit dans son journal :

« Cet après-midi vers 15h (soit 13h à Paris), comme le grand-duc Serge, gouverneur général de Moscou, traversait le Kremlin, un terroriste lui a lancé une bombe, qui l’a mis en pièces. Aussitôt la nouvelle parvenue au Quai d’Orsay (17h), le ministre me charge d’aller la communiquer au grand-duc Paul.« 

La Russie, en 1905. L’assassinat du grand-duc Sergueï par le révolutionnaire russe Ivan Kalyaev. Le récit commence avec les préparatifs minutieux d’un attentat et se termine sur l’échafaud. Quatre révolutionnaires, prêts à se sacrifier pour leur cause, suscitent une question troublante : sont-ils finalement des assassins ou des innocents ? Alors que la Russie est en guerre, les révolutionnaires luttent contre le régime tsariste, inconscients que la dictature soviétique à venir sera une nouvelle geôle pour le peuple russe.

Un spectacle en français et en russe, avec des extraits des œuvres de Leonid Andreev, Ivan Kalyaev et Boris Savinkov

LA VENGEANCE D’UNE FEMME

La vengeance d’une femme, d’après la nouvelle de Jules Barbey d’Aurevilly tirée du recueil Les diaboliques (1874), est une confession sans absolution, ni de la part du client qui recueille les confidences de cette aristocrate devenue prostituée, ni de la part du public, invité à une cérémonie au parfum de décadentisme. Le péché de la chair n’est pas l’objet de cette pièce, mais l’acte d’amour dans lequel il y a, selon Charles Baudelaire, « une grande ressemblance avec la torture ». En faisant le trottoir, l’héroïne travaille à faire perdre l’honneur à son ancien mari (un aristocrate espagnol). Quelles raisons l’obligent à cet épouvantable jeu ? Sanzia-Florinda-Concepcion étale aux yeux des spectateurs effarés son « ciel en creux ». Le mot « diabolique » est-il employable pour cette fille des rues dont les turpitudes prouvent la nécessité d’une justice divine ? C’est toute la question de La vengeance d’une femme.
En prologue, Le sermon de la courtisane, tiré de La religion du Capital de Paul Lafargue, nous fait entrer dans le monde des courtisanes : vues par l’auteur (critiquant cette logique consistant à nous transformer en « machines à produire et à consommer »), elles sont, selon lui, le modèle du Dieu-Capital.

DISCOURS DE LA SERVITUDE VOLONTAIRE

« Soyez donc résolus à ne plus servir et vous serez libres. Je ne veux pas que vous le heurtiez, ni que vous l’ébranliez, mais seulement ne le soutenez plus, et vous le verrez, comme un grand colosse dont on dérobe la base, tomber de son propre poids et se briser. »

« Certes, ainsi que le feu d’une étincelle devient grand et toujours se renforce, et plus il trouve de bois à brûler, plus il en dévore, mais se consume et finit par s’éteindre de lui-même quand on cesse de l’alimenter : pareillement plus les tyrans pillent, plus ils exigent ; plus ils ruinent et détruisent, plus on leur fournit, plus on les gorge ; ils se fortifient d’autant et sont toujours mieux disposés à anéantir et à détruire tout ; mais si on ne leur donne rien, si on ne leur obéit point; sans les combattre, sans les frapper, ils demeurent nus et défaits: semblables à cet arbre qui ne recevant plus de suc et d’aliment à sa racine, n’est bientôt qu’une branche sèche et morte. »

« Souffrir les rapines, les brigandages, les cruautés, non d’une armée, non d’une horde de barbares, contre lesquels chacun devrait défendre sa vie au prix de tout son sang, mais d’un seul ; nommerons-nous cela lâcheté ? » 

« Chose vraiment surprenante (et pourtant si commune, qu’il faut plutôt en gémir que s’en étonner) ! C’est de voir des millions de millions d’hommes, misérablement asservis, et soumis tête baissée, à un joug déplorable, non qu’ils y soient contraints par une force majeure, mais parce qu’ils sont fascinés et, pour ainsi dire, ensorcelés par le seul nom d’un qu’ils ne devraient redouter, puisqu’il est seul, ni chérir, puisqu’il est, envers eux tous, inhumain et cruel. »

« …si l’on voit, non pas cent, non pas mille, mais cent pays, mille villes, un million d’hommes ne pas assaillir, ne pas écraser celui qui, sans ménagement aucun, les traite tous comme autant de serfs et d’esclaves : comment qualifierons – nous cela ? »

« N’est-ce pas honteux, de voir un nombre infini d’hommes, non seulement obéir, mais ramper, non pas être gouvernés, mais tyrannisés, n’ayant ni biens, ni parents, ni enfants,  ni leur vie même qui soient à eux ? »

« Disons donc que, si toutes choses deviennent naturelles à l’homme lorsqu’il s’y habitue, seul reste dans sa nature celui qui ne désire que les choses simples et non altérées. Ainsi la première raison de la servitude volontaire, c’est l’habitude. »

Étienne de La Boétie

 

PAROLES DE SPECTATEURS…

« […]. Le plaisir est au rendez-vous. […] Il ne s’agit pas simplement ici d’un seul en scène se contentant d’une profération ; il y a plus : une mise en scène (d’Antonio Diaz-Florian, directeur du théâtre), un décor et des costumes (Abel Alba), une vraie interprétation (Graziella Lacagnina). »

In « L’OURS », article de Robert ANDRÉ – 7 juin 2024
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Déjà, arriver au Théâtre de l’Epée de Bois est une invitation à un voyage, hors du temps, un voyage comme seul le théâtre peut proposer. Dans la salle dit du « salon » on assiste à un discours éclairé, brillant, puissant, merveilleusement interprété par Graziella Lacagnina, qui donne vie à Etienne de la Boétie, ()

Marie Pierre BORDEL – le 2 décembre 2024
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Si La Boétie recense trois catégories de tyrans, il n’a de cesse d’opposer la liberté des individus à qui il revient de la rechercher inlassablement.
Car il en va de leur dignité d’être humain – de notre dignité et aussi de notre responsabilité. ()

Roland TAVEL – le 23 novembre 2023
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